La grenouille, l’oie et le verglas

Vous étiez prévenu : tout est aujourd’hui sujet à chicane. Même – voire surtout – le temps qu’il fait. Voyez par exemple l’hiver : son arrivée est fixée par le calendrier astronomique. Cette année, le solstice d’hiver aura lieu le 21 décembre à 23 heures 38. Nous étions donc supposés pouvoir déjeuner en terrasse jusqu’à cette date, sans avoir à nous harnacher d’une doudoune et de moufles, ni chausser des raquettes de randonnée. Eh bien, c’est raté. Dans la plupart des régions, la neige a fait une apparition massive dès le début du mois. Et par endroits, conscient de s’être emmêlé les pinceaux dans le calendrier, le temps a remis à jour son thermostat de saison et transformé le manteau neigeux en inondations. De méchants dégâts ; mais s’agissant de la Province, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.

Et puis voilà que par souci d’équité, les Parisiens se trouvent eux-aussi enneigés. Pendant quelques heures, la circulation a été paralysée. Une affaire d’Etat : les autorités n’ont pas fait saler la rue Quincampoix. On a vu des gouvernements sauter pour moins que ça. Si bien que Matignon a dû dénoncer le coupable de son inaction : Météo France. La grenouille officielle du pays avait anticipé des chutes anodines, d’une hauteur convenable pour réjouir le cœur enfantin des Parisiens, mais pas suffisantes pour embourber les carrosses ni les chaises à porteur. Pourtant doté d’une excellente réputation de performance au plan international, notre service de météorologie pourrait ainsi être remplacé par une colonie d’oies du Capitole. Lesquelles, on le sait, sont très efficaces pour avertir du danger. Pour être banal et excusable, ce bug prévisionnel jette une lumière crue sur les prédictions apocalyptiques des climatologues onusiens. Car s’il est possible à des spécialistes patentés de commettre une telle erreur sur le temps qu’il fera dans les douze heures qui viennent, on se demande quelle valeur accorder à des anticipations qui déterminent la température à Paris pour la fin du siècle. Si un gamin ne sait pas encore lire et écrire à la puberté, il est peu probable qu’il soit Polytechnicien à sa majorité.

La recette du jour

Flan sur la comète

Vos talents culinaires sont à ce point médiocres que vous n’avez jamais réussi à confectionner un flan convenable. Rassurez votre maisonnée en leur servant au dessert le dernier rapport du GIEC. Avec le réchauffement climatique, la végétation sera calcinée et les vaches seront contraintes de bouffer des œufs et du sucre. Il suffira alors de les traire pour obtenir un flan parfait.