Le cargo et l'écolo

Le cargo et l’écolo

Olala ! Voilà que des milliers de voyageurs attendent impatiemment que le Père Noël apporte un chasse-neige aux autorités aéroportuaires. C’est que notre culture d’Européens climatiquement tempérés ne nous a pas préparés à des phénomènes pourtant classés dans la catégorie de la plate banalité. Comme des chutes de neige en hiver, qui apportent un témoignage rassurant : il y a encore des saisons. En observant les Parisiens paralysés par une fine pellicule de blanc immaculé, les Canadiens se bidonnent : eux commencent à être incommodés lorsqu’ils ne peuvent sortir de leur maison que par les fenêtres de l’étage. Alors que chez nous, c’est la panique dès que les flocons recouvrent le paillasson.

Que font donc ces dizaines de milliers de gens dans les avions ? Certains y sont contraints par leur travail, convenons-en : la globalisation leur impose des pérégrinations. Mais bon nombre d’entre sont de simples touristes. Qui se croient obligés d’aller explorer l’autre bout de la planète, alors qu’ils n’ont pas encore découvert les confins de leur quartier. Ne lisent-ils pas les journaux ? C’est la crise, que diable ! Qui impose des restrictions. C’est le « changement climatique », qui exige d’économiser le kérosène afin de ne pas transformer la planète en chaudron. Renvoyons ces inconscients à la lecture du Figaro du jour. Où l’on apprend que des citoyens responsables plébiscitent le nomadisme écolo : ils font le tour du monde… en cargo. Comme avant eux des écrivains célèbres, en des temps où la marine marchande symbolisait l’aventure et l’exotisme. D’accord : pour découvrir un pays, ce n’est pas l’idéal. Car les ports se composent principalement de hangars, de bars et de boxons. Mais c’est une autre façon de concevoir le tourisme sexuel, dont le meilleur spécialiste contemporain a cette année décroché le Goncourt. Si donc vous briguez le Nobel, voyagez en cargo-poubelle.

La recette du jour

Tourisme de crise

Les contraintes des temps présents imposent d’économiser l’argent et le carburant. Prenez modèle sur Xavier de Maistre : faites-vous incarcérer et écrivez Voyage autour de ma cellule. Ce sera sans doute moins sulfureux que du Houellebecq : vous n’obtiendrez donc pas le Goncourt. Mais vous ne souffrirez pas du délabrement psychique qu’entraîne le décalage horaire.

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