Les banquiers en officier

Les banquiers en officiers d’état-civil

Il n’y a pas que WikiLeaks pour délivrer des informations que beaucoup souhaiteraient voir tenues secrètes. Parce qu’elles mettent à nu les turpitudes ordinaires de la vie publique et ramènent la hauteur de vue des éminences à son altitude réelle : le ras des pâquerettes. D’autres petits arrangements avec la loi, de la part du pékin, cette fois, furent en son temps mis à jour par la soustraction de données confidentielles à la vigilance d’une grande banque internationale. Celle-là même à laquelle le liquidateur de Madoff réclame aujourd’hui une petite fortune, pour sa probable participation active au développement du business de l’escroc. On sait que grâce à ces données, les gouvernements ont pu « encourager » leurs contribuables distraits à régulariser leurs omissions. La menace a été diversement perçue dans les différents Etats européens et a donc suscité un élan de contrition inégal de la part des évadés fiscaux. Mais le couperet demeure suspendu au-dessus de la tête de ceux qui ont préféré rester planqués dans leur terrier paradisiaque.

Bien qu’ils soient en panne de gouvernement depuis pas mal de temps – ou peut-être à cause de ce vide institutionnel –, les Belges ont été massivement touchés par la grâce de la repentance. Le quotidien Le Soir révèle que 2.263 d’entre eux ont cette année déclaré leurs économies secrètes à l’administration fiscale, un record d’affluence dans un pays, il est vrai, qui cultive l’argent « noir » comme d’autres les géraniums. L’histoire ne dit pas ce qui justifie cet élan de transparence dans les comptes privés ; peut-être que la difficulté des temps oblige à officialiser de l’argent naguère enterré. Car les Belges disposaient d’un moyen très efficace pour passer au travers des mailles de l’inquisition fiscale. Le même journal dévoile que certaines banques du Royaume offraient aux nomades fiscaux une… fausse identité. Plus efficace encore que le banal compte numéroté. Le sommet européen, qui va débuter demain dans l’indifférence surprenante des médias français, a directement pour enjeu la sécurisation des créances que les banques détiennent sur les nations souveraines. Car il serait injuste que les institutions de crédit souffrissent de la défaillance des Etats, n’est-ce pas ? On dirait que nos autorités libérales tiennent à donner raison à Lénine : elles s’apprêtent à offrir aux banques la corde qui les pendra.

La recette du jour

Lessive à la Belge

Mieux vaut faire envie que pitié, dit l’adage. Ce n’est pas vrai sous les vents mauvais. Pour votre tranquillité, revendiquez exclusivement vos dettes. Et transportez votre épargne chez un banquier belge qui lui offrira une nouvelle identité. Les impôts et vos créanciers pourront se brosser.

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