Pékin et la Veuve joyeuse

Pékin et la Veuve joyeuse

L’Europe est depuis longtemps une destination appréciée par les touristes asiatiques. Après les essaims de Japonais, qui butinent avec gourmandise les parterres de parfums parisiens sous l’œil goguenard mais intéressé des autochtones, les Chinois ont débarqué en grappes. Des éclaireurs : le tourisme de masse existe pourtant en Chine, où les périodes de vacances sont communes à toute la population, et c’est alors une chienlit indescriptible dans les transports et sur les sites de villégiature. Mais leurs moyens ne leur permettent pas encore de se chartériser autant qu’ils le souhaitent vers le Vieux Continent. Dommage pour notre industrie aéronautique. Et celle de nos alcools raffinés.

L’Europe est pour l’instant réservée à l’élite de l’Empire du Milieu. Les hommes d’affaires, bien sûr, mais aussi les représentants politiques. Les voyages officiels se sont à ce point intensifiés qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’une éminence pékinoise ne parcoure une capitale de l’Union. Hier, le Vice-président était en Espagne et a été accueilli avec l’empressement obséquieux que l’on réservait autrefois au Tonton d’Amérique, dont on espérait un cadeau somptuaire ou une place sur son testament. Monsieur Li n’a pas déçu les attentes : il a promis qu’il donnerait des sous. Enfin, plus exactement, qu’il continuerait d’acheter de la dette espagnole. Le même présent qui a déjà été accordé aux Grecs, aux Portugais, aux Irlandais, aux Français et à bien d’autres. Nos Etats font songer à ces riches veuves d’après-guerre, assises sur un joli patrimoine mais dépourvues des liquidités permettant de mener la « grande vie ». Quelque commerçant enrichi par le marché noir lui prêtait alors de l’argent. Avant de couper les vivres et de se rembourser avec les bijoux de famille et les demeures patriciennes. La guerre des monnaies en cours ne tuera peut-être personne, mais elle promet d’en ruiner beaucoup.

La recette du jour

Gruau de fourmi à la chinoise

Vous avez chanté tout l’été et vous trouvez fort dépourvu maintenant que la bise est venue. Empruntez à Monsieur Li et promettez-lui votre fille aînée en mariage. Avant qu’il n’exige en dot le manoir familial, montez un restaurant chinois ou une blanchisserie. Et remboursez vos dettes.

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