ADM : Wall Street gaze

ADM : Wall Street gaze Larry

Qui osera nier le rôle des parlementaires américains, des médias américains, des économistes américains, de la ligue féministe américaine et de Wall Street dans le règlement des grands problèmes de la planète ? La preuve vient d’en être apportée avec leur influence dans la décision récente de Larry Summers d’abandonner la course au fauteuil de patron de la FED. Bon, d’accord : s’agissant de la Banque fédérale américaine, il était naturel que les groupes de pression américains s’exprimassent sur le sujet. Mais la politique monétaire US conditionne directement les affaires du monde. En foi de quoi serait-il raisonnable de pourvoir le poste par une résolution de l’ONU, après réunion du Conseil de sécurité et consultation de l’Elysée, du Patriarche de Constantinople et de l’Archevêque de Cantorbéry – les trois mamelles de la morale contemporaine. Car la sécurité de la planète est bien plus exposée aux décisions de la FED qu’à celles, par exemple, du président de la Syrie. Que la Maison-Blanche prétend pourtant désigner par la grâce à sa souveraine perspicacité.

Par malchance, Larry était le candidat favori du président Obama, lequel a donc accueilli son abandon avec regret : « Je lui serai toujours reconnaissant de son dévouement infatigable au service du pays, et je suis impatient de continuer à profiter de ses conseils à l’avenir » a-t-il déclaré. Pourtant, la responsabilité de Larry Summers est avérée dans le recours à des armes de destruction massive, dont les ravages ne sont pas encore achevés. On lui doit l’impulsion décisive dans l’abrogation du Glass-Steagall Act – ce dispositif adopté après la Grande crise qui rendait incompatibles l’activité de banque de dépôt et celle de banque d’investissement ; ont lui doit la victoire du secteur bancaire contre toute tentative de réglementation sérieuse du secteur des produits dérivés et de la titrisation. On lui doit, en somme, les conditions présentes de l’instabilité explosive du système financier mondial, qui témoignent de son « dévouement infatigable » au service des Etats-Unis dans leur rôle irremplaçable de semeurs de zizanie. Accessoirement, Larry a réussi à plomber de 1,8 milliard de dollars les finances de l’Université de Harvard lorsqu’il en était président, et à dilapider le maigre capital de sympathie que lui allouait la gent féminine – déclarée par lui inapte à la recherche scientifique pour cause d’insuffisance intellectuelle. Charmant. Comparé à Larry Summers, Bachar al-Assad est une sorte de Gandhi contemporain. On pourra s’étonner que le monde de la finance ait renié avec autant de vigueur un homme qui l’a tant servi ; c’est que Larry s’était déclaré franchement hostile à la planche à billets du père Bernanke, qui entretient la nouba de Wall Street. Conscient de son impair, il était revenu sur ses aveux. Mais trop tard : le milieu de la finance finit toujours par avoir la peau des Judas.

La recette du jour

Misère de l’apostat

Toute votre vie, vous avez mis vos incontestables talents au service de vos maîtres de la finance. Fort de votre fortune et de votre aura, vous voulez maintenant vous émanciper et faire valoir vos propres convictions. Mauvaise pioche. Dans le monde de l’argent, la trahison ne rapporte pas 30 deniers ; les apostats gagnent un contrat. Sur leur tête.

deconnecte