Confucianisme et fiscalit

Confucianisme et fiscalité

Maintenant que le PC chinois, inventeur du « socialisme de marché », a décidé que le pays devait s’orienter vers un peu plus de marché et un peu moins de socialisme, on devrait voir éclore de nouvelles fortunes dans l’Empire du milieu. Déjà, le magazine américain Forbes, qui tient une comptabilité scrupuleuse de tous les milliardaires de la planète, vient d’accorder à Wang Jianlin le titre envié d’« homme d’affaires de l’année en Asie ». Il faut reconnaître que Wang s’est plutôt bien débrouillé : en 2005, il était simplement un promoteur immobilier prospère, titulaire d’une fortune de 300 millions de dollars. Aujourd’hui premier nabab de Chine, il pèse 14 milliards et figure en pole position mondiale des exploitants de salles de cinéma – après l’achat de la firme AMC de Kansas City, alors en déconfiture. Selon les subtils analystes de Forbes, aussi familiers de la culture chinoise que vous l’êtes des mœurs des Kamayurás brésiliens, la réussite de Wang Jianlin tient à la fusion harmonieuse entre les valeurs confucianistes et les « pratiques commerciales modernes » - entendez par là les truanderies ordinaires du business yankee. Voilà le genre d’hybridations monstrueuses que produit la globalisation.

Si l’on en croit les allégations d’un avocat chinois, spécialisé dans la fiscalité immobilière, la prospérité des promoteurs serait plutôt imputable à la fraude fiscale. Les principaux opérateurs auraient en effet squeezé l’équivalent de 625 milliards de dollars d’impôts, normalement exigibles sur leurs plus-values foncières – les prix ne cessent de s’envoler. Si les accusations, relayées par la télévision officielle, se révélaient fondées, l’immobilier chinois serait beaucoup moins rentable que ce que l’on en dit. Et la fortune de Wang retournerait à des proportions quasi-prolétariennes. Il nous faut donc souhaiter de tout cœur que l’avocat en question ne soit qu’un vil calomniateur. Car la France attend désormais beaucoup des investisseurs chinois pour doper son industrie flageolante. Et les nouveaux riches asiatiques sont une véritable providence pour les viticulteurs bourguignons : une caisse de [Romanée-Conti- http://www.latribune.fr/entreprises...] vient de se vendre à Hongkong pour le prix d’un trois-pièces-cuisine parisien. Voilà qui va attrister les héritiers de Mme de Pompadour : leur illustre aïeule ne parvint pas à acquérir le domaine en 1760. C’est le Prince Louis François de Bourbon-Conti qui enleva le morceau, après bien des chinoiseries.

La recette du jour

Carrière à la chinoise

Vous rêvez depuis toujours de figurer dans le classement Forbes des milliardaires. Vous pouvez vous faire vigneron, mais ce sont vos lointains descendants qui rafleront la mise. Devenez plutôt promoteur immobilier chinois : la réussite est beaucoup plus rapide. A condition que vous consentiez à ne pas payer vos impôts. En Chine, on ne réussit pas sans faire de sacrifices.

deconnecte