Costard rayé pour D&G

Costard rayé pour D&G

On va finir par croire que la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales ne sont pas seulement des vœux pieux, ou des slogans destinés à rapetasser les accrocs dans la popularité des gouvernements. Pas tellement à cause des déclarations du récent G8, qui ont tenté de broder un napperon de bonnes intentions sur le sujet. Mais on voit bien que nos Cosette ne maîtrisent pas encore le point de croix. Pas tellement, non plus, à cause des froncements de sourcils de la France, qui brandit la menace de la « liste noire » à l’égard de pays voisins. Notamment ceux qui sont suspects d’avoir taillé un costume d’ombre à bien des personnalités politiques. Si bien que leur totale transparence à l’égard du fisc français provoquerait finalement plus de dommages collatéraux que de bienfaits pour le Trésor. De ce fait, une bonne guerre de tranchées donnerait le temps aux éminences en situation délicate de se confectionner une toge de virginité. Pendant que le menu fretin de l’évasion, affolé par les sanctions qui lui sont promises, viendrait détricoter ses petits secrets au confessionnal de Bercy. En échange d’une coûteuse absolution.

C’est paradoxalement en Italie, pays célèbre pour la sportivité fiscale de ses citoyens et de ses firmes, que le bras armé des Impôts vient de frapper un grand coup. En condamnant à la prison signori Dolce & Gabbana, les deux compères milanais de la fouffe branchée, qui ont popularisé la griffe dans le monde entier grâce à leur talent incontestable de stylistes. Ils ont donc pris une veste par la Guardia di Finanza, qui les a convaincus d’avoir abusé d’habileté fiscale, et bricolé un patron pour leurs affaires sans rapport avec la réalité économique à habiller. L’événement est d’importance, car il témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’attaquer les grandes firmes sur un terrain où elles excellent : la randonnée méthodique sur tous les chemins de traverse qu’offre le maquis des réglementations fiscales internationales. L’argument de l’intention frauduleuse pourrait ainsi devenir une arme efficace contre le coulage fiscal des multinationales. Au même moment, c’est en Italie que venait s’éteindre prématurément James Gandolfini, l’acteur américain qui a incarné avec brio le parrain de la série-culte Les Sopranos. La mafia de fiction vient de subir une perte irréparable. Tout un symbole.

La recette du jour

Mon tailleur est chiche

Votre talent pour les affaires vous a permis de vous tailler une réussite internationale. Pour optimiser vos résultats, vous avez confié à des spécialistes autoproclamés la confection de votre costume fiscal. Vérifiez que vous ne vous êtes pas fait habiller par des petites mains inexpertes. Car vous pourriez vous retrouver en caleçons courts. Et en tenue rayée de prisonnier.

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