Ecologie : le miracle de

Ecologie : le miracle de la poule

Pas étonnant que le marché des œufs soit en crise. D’abord, les Français en consomment un peu moins que lors de la décennie précédente : 222 par an, ce qui n’est certes pas négligeable, mais reste très inférieur à la performance des Danois (300). Ensuite et surtout, les ménages se sont lancés massivement dans la production domestique. Non que la poule ait remplacé le chat, le canari ou le poisson rouge comme animal de compagnie : il n’est pas très facile d’habituer la cocotte à utiliser la caisse ad hoc. Mais de plus en plus de municipalités offrent un couple de gallinacées à leurs administrés, sous réserve que ces derniers puissent les accueillir dans un confort convenable. Et s’engagent à leur prodiguer les bons soins qu’elles méritent. Car le retour sur investissement est spectaculaire : une poule dotée d’un appétit ordinaire est capable de boulotter environ 150 kg de déchets ménagers par an. Autant que l’on ne retrouve pas dans les poubelles. Il en résulte que si chaque citoyen élevait une paire de poules, la plus grosse part des ordures putrescibles échapperait à la collecte des services spécialisés. Générant ainsi des économies considérables, un bonus pour l’environnement et un frein salutaire à l’envol de la taxe d’enlèvement, qui prospère au rythme d’un poulet gavé au grain. Un tel scénario signerait évidemment la disparition des élevages industriels de pondeuses, ces prisons à volaille qui hissent Guantanamo dans la catégorie des hôtels de luxe. Mais bon, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

Les statistiques sont formelles : plus une société s’enrichit, plus elle produit de déchets. On peut ainsi affirmer qu’un pays atteint un très haut niveau de développement lorsqu’il croule sous les ordures. Et qu’il ne peut plus s’en débarrasser. Voyez par exemple le Japon, qui trône sur le podium des modèles de civilisation : il produit désormais tant de déchets nucléaires que toutes les ressources du pays, et toute la science du monde, ne suffiront pas à les digérer. Il en est de même, semble-t-il, de la démocratie, ce modèle d’organisation sociale qui constitue l’idéal des peuples évolués. On peut affirmer que plus la démocratie progresse, plus elle produit de détritus. Elle atteint son optimum lorsque la représentation politique ne produit plus que des encombrants non recyclables. Comme la séance d’hier à l’Assemblée nationale, sur le thème de la Syrie. Il serait utile que les spécialistes de la biologie, habiles dans l’invention de nouvelles espèces, s’emploient à bidouiller le génome de la poulaille. Afin de créer la poule atomique, capable de vous décontaminer un site nucléaire en quelques coups de bec – et accessoirement pondre des œufs de la taille d’un melon de Cavaillon. Ainsi que la poule législative, chargée du nettoyage après chaque séance de l’Assemblée. Il ne resterait rien des œuvres de la représentation nationale, perspective plutôt encourageante pour la santé de notre démocratie.

La recette du jour

Gestion des déchets

Vous êtes légitimement préoccupé par la montagne de déchets que produit votre famille, et par l’enflure de votre taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Elevez un chien, un chat, un lapin, quelques poules et un raton laveur pour liquider vos restes. Et surtout, surtout, interdisez à vos enfants de s’engager en politique : un parlementaire produit tant de détritus qu’une ménagerie entière ne suffit pas à les digérer.

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