Europe : épidémie d'encépha

Europe : épidémie d’encéphalite

A quoi sert l’expérience ? Non, ce n’est pas une proposition de sujet de philo pour les candidats au bac, qui en ce moment fourbissent fébrilement leurs connaissances. Il ne s’agit pas non plus d’une question de pure rhétorique, mais le constat désespéré d’une insuffisance génétique chez notre espèce : le sapiens n’apprend rien de ses erreurs passées. Il semblerait qu’une durée de 25 ans soit suffisante pour effacer les mauvais souvenirs de la photo de famille. Voyez par exemple Tchernobyl : consacré en son temps comme le bug inégalable de la négligence humaine, dans un domaine qui requiert une vigilance absolue eu égard aux conséquences monstrueuses du moindre accident, on aurait pu penser que cet événement aurait gravé l’obsession sécuritaire dans la conscience des exploitants du nucléaire. D’évidence, tel n’a pas été le cas. Catalogué comme un dommage collatéral de la chienlit gestionnaire du soviétisme, Tchernobyl fut rapidement considéré comme l’accident qui ne pouvait plus se reproduire, après l’éradication définitive du léninisme. Seulement voilà : en dépit de ses innombrables vertus avérées, plus toutes celles qui restent à découvrir, le libéralisme triomphant a quand même accouché de Fukushima, qui pourrait bien ravir la palme de l’horreur à son prédécesseur russe.

De la même façon, il y a tout juste 25 ans, on découvrait avec effroi une épidémie de démence précoce chez les bovins. Et l’on repérait illico les causes de cette encéphalite spongiforme malencontreusement transmissible aux humains : les farines animales, qui représentent des protéines bien moins coûteuses que l’alimentation végétale. Ainsi, les éleveurs imposaient l’anthropophagie à ces malheureux herbivores. Dans un accès de sagesse tardive, lesdites farines furent prohibées. Eh bien, les voilà de retour. Sous les auspices de la Commission européenne, qui s’émeut du manque à gagner imputable au non-emploi de ces déchets, alors que le cours des céréales flambe en Bourse. Il est donc question de recycler ces farines dans la pisciculture, pour commencer : il n’y aurait aucun risque, voyez-vous, puisque ces farines ne comportent pas de poisson. Pas de poulet non plus, en foi de quoi envisage-t-on de les fourguer également aux volailles. Mais pas aux bovins, ah ça non ! Enfin, pas tout de suite. Maintenant que les légumes frais sont suspects de véhiculer des bactéries mortelles, de quoi va-t-on pouvoir se nourrir sans risque ? Du poisson sauvage ? Pourquoi pas. Mais il faudra préalablement apprendre à digérer le radium et le césium.

La recette du jour

La cuisine des restes

La sécheresse persistante et la furie des spéculateurs renchérissent considérablement l’alimentation de votre élevage. Lorsque vos bêtes crèvent, transformez-les en farine. Les restes de mouton aux poulets, les restes de poulet aux bœufs, les restes de bœuf aux poissons, les restes de poissons aux escargots. Mais évitez de consommer votre production, pour prévenir le risque de devenir aussi timbré qu’un fonctionnaire européen.

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