Expédition à Tchiakoullé

Expédition à Tchiakoullé

Avez-vous déjà visité Kirkjubaejarklaustur ? C’est peu probable : l’endroit n’est pas touristique pour deux sous. Et avec un nom aussi imprononçable, même les Islandais préfèrent éviter cette petite ville agricole, mise à l’honneur par Le Monde pour le « paysage lunaire » qu’elle offre depuis que le Grimsvötn crachouille ses cendres. Lesquelles devraient éviter le territoire français, grâce à l’aimable courtoisie des vents dominants qui contraignent cette mélasse aérienne au-dessus de l’Allemagne. Si Dame Merkel est obligée de rentrer de Deauville en autostop, la cote de l’Islande risque de baisser encore d’un cran. Comme celle de la Belgique, du reste, dont les entrailles demeurent un mystère pour la volcanologie politique. Mais enfin, puisque notre ciel va rester dégagé, on va pouvoir faire un saut à Tchiakoullé. Comment ça, vous ne connaissez pas non plus Tchiakoullé ? Soyons honnête : vous êtes pardonnable de découvrir ce hameau guinéen, inconnu de tous ceux, nombreux, qui n’y habitent pas. C’est un patelin bleu, accroché à la colline ; on y vient à pied, on ne frappe pas, ceux qui vivent là… Non, là, on doit confondre avec un autre endroit. Mais peu importe : le lieu est très exotique.

Grâce à l’actualité, on visite des coins insoupçonnables. Merci au Figaro de nous emmener à Tchiakoullé, où avant le journaliste, personne n’avait jamais mis les pieds : il n’y a même pas de Sofitel – vous voyez le tableau. Mais c’est là que naquit une jeune femme encore anonyme, mais promise à gagner en notoriété par capillarité, si l’on ose dire, avec une personnalité célèbre dans le milieu hôtelier américain. En remontant ainsi aux sources, le quotidien éclaire d’un jour nouveau une affaire passablement obscure, aux conséquences imprévisibles sur le financement des Etats dans la gêne, sur la sérénité des relations internationales et sur le paysage politique français. La seule certitude acquise, c’est l’amélioration sensible du compte d’exploitation de certains avocats new-yorkais et des officines de barbouzes privés qu’ils emploient. L’enquête du journal apporte toutefois des éléments décisifs : un examen attentif de l’ADN juvénile de l’intéressée révèle la présence du gène islamique et les traces d’un défunt mari, fils d’un marabout peul. D’accord, ça n’explique pas totalement l’éruption présumée du Grimsvötn éfémien. Mais c’est un indice tangible de sa bonne foi, non ?

La recette du jour

Exploration à domicile

Les voyages forment la jeunesse, dit l’adage. Mais le transport aérien coûte cher. Et les cendres volcaniques le rendent dangereux. Enfermez vos enfants dans leur chambre et abonnez-les à la presse quotidienne. Ils découvriront le paysage lunaire de la libido des élites et accessoirement des recoins de la planète connus seulement des marabouts peuls.

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