Hôtellerie carcérale (...)

Hôtellerie carcérale : en hausse

64 584 : non, ce n’est pas le résultat du Loto, mais le nombre de détenus en nos prisons au 1er mai dernier. Un petit pourcent de la population totale, c’est plutôt raisonnable pour un pays qui a la réputation d’être indiscipliné et ingouvernable. Le ratio se ternit un peu, bien entendu, si l’on enlève du référentiel les citoyens en herbe – du nourrisson au premier-communiant –, sensés ignorer la loi et à ce titre soumis à la juridiction bienveillante de la famille, et si l’on soustrait aussi tous ceux que leur fonction immunise contre la fréquentation du juge, sans nécessairement afficher une conscience immaculée. Mais enfin, le peuple français se montre plutôt respectueux des normes, ou assez malin pour ne pas se faire pincer quand il y déroge. Il n’empêche que la population carcérale a atteint son sommet historique, au point que nos prisons ont nettement dépassé leur capacité d’accueil et pratiquent un surbooking institutionnalisé, qui nuit au confort de la chiourme et de sa garde. La chaîne compte pourtant 191 établissements, dont 6 récemment construits à l’attention exclusive de la clientèle mineure. Quoi qu’on en pense, la délinquance juvénile n’est responsable qu’à la marge du gonflement des effectifs. Il y a donc d’autres motifs à cette appétence massive pour le tourisme carcéral.

On a depuis longtemps observé un lien de proportionnalité direct entre le contexte économique et le taux de criminalité : quand les temps sont durs, le brigandage devient un moyen de survie. Mais il est également permis de penser que les tribunaux, naguère taxés de laxisme, se montrent désormais plus répressifs sous la pression de leur tutelle, comme le notait récemment l’Observatoire international des prisons. Et le responsable d’un syndicat pénitentiaire de réclamer « une orientation vers les alternatives à l’incarcération pour les courtes peines » et « un plus grand respect de la présomption d’innocence » (Le Monde.fr). Nous y voilà : les juges sont manifestement influencés par les séries américaines. Ou le simple journal télévisé des actualités Outre-Atlantique : au moindre soupçon d’incartade, vous vous retrouvez menotté en entôlé. Et encore le système américain s’est-il sophistiqué : désormais, le procès a lieu avant la pendaison. Mais d’évidence, le système de valeurs est bouleversé. Heureux temps que celui où le vol d’un cheval méritait la corde sans formalités, mais où nul ne contestait le droit de lutiner la bonne à l’insu de son plein gré. Eh bien, il est joli le tableau : on n’avait déjà plus de saisons ; maintenant on n’a plus de justice. Ni assez de prisons. Pfft…

La recette du jour

Pédagogie à rayures

L’éducation consiste à favoriser l’apprentissage des enfants à leur vie d’adulte. Ne limitez pas les barreaux aux parcs de vos bambins : installez-en aussi aux fenêtres de leur chambre et au portail de votre jardin. Ils seront ainsi mieux préparés à leur carrière future de taulard ou de gardien de prison. Les deux métiers d’avenir des sociétés modernes.

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