Krach des valeurs suisses

On vous avait bien dit que la levée du secret bancaire faisait l’objet de négociations musclées. En particulier entre la France et la Suisse. Figurez-vous que l’autre soir, en plein Paris, la Mercedes du diplomate helvétique en charge du maquignonnage s’est fait canarder par la police. Il faut dire que le conducteur roulait à tombeau ouvert, ignorant la signalisation et refusant d’obtempérer à l’ordre de stopper son véhicule. Le diplomate aurait même aggravé son cas en fonçant sur les policiers, au mépris de la tradition suisse de stricte neutralité. C’est dire si les relations entre les deux pays sont tendues. Reconnaissons que le négociateur, sans doute harassé par une longue journée de discussions épicières, avait un peu forcé sur l’apéro. Il semble même qu’il fût complètement caramélisé au volant : selon quoi le statut diplomatique protège contre les effets de la loi, mais pas contre ceux de l’alcool. On imagine sans peine les conséquences, pour la Suisse, de l’ivrognerie de son représentant.

Et puis voilà qu’hier, sur le tapis ocre du Central de Roland Garros, le résident suisse d’adoption, Tsonga, a canardé l’authentique ressortissant suisse Federer. Certes, les arguments du Français se sont révélés frappants et contondants. Mais l’Helvète, qui n’a jamais trahi le secret de son talent légendaire – il a élevé le tennis à une dimension esthétique jamais égalée -, a donné l’impression d’être totalement déchiré. Il a conduit son jeu comme s’il avait sifflé quelques tournées avec son compère de l’OCDE. Revers dans les couloirs d’autobus, coups droits dans les bâches, volets dans le bas du filet – il faut dire que son assaillant lui tirait méchamment dans les pattes, au risque de lui exploser les pneus. Un spectacle poignant : on imagine sans peine, pour la Confédération, les conséquences d’une telle prestation. Et cerise sur le gâteau, la Suissesse Nabilla, célèbre pour avoir le cerveau à la place du balcon, entend maintenant se lancer dans l’écriture. De quoi plonger définitivement tous les cantons helvétiques dans l’affliction. Car sur le marché de la notoriété, déjà passablement encombré, les avantages comparatifs de Nabilla sont plus évidents à la télévision que dans la littérature. Pour peu que l’on coupe le son, bien entendu.

La recette du jour

Suisse en berne

Vous ambitionnez de longue date d’emménager en Suisse. Car vous affectionnez sa discrétion bancaire, le génie de ses tennismen, la sobre neutralité de sa diplomatie et l’élégante retenue de sa gent féminine. Il est temps de renoncer à vos fantasmes. Depuis peu, les valeurs suisses se sont effondrées. Allo, quoi ? Vous n’allez pas vous ridiculiser ?