L'artillerie de Bernanke

L’artillerie de Bernanke

Et vous dites que les Etats-Unis sont le pays de la liberté ? Mon œil. Chaque jour qui passe apporte son lot d’arbitraire et d’injustices. Voyez par exemple la chaîne de salons de café Starbucks, qui vient de mettre son grain de sel dans l’expresso. Désormais, plus question d’amener son artillerie au zinc. Il faudra laisser magnum 357 et kalachnikov au vestiaire avant de prendre un canon. N’importe quoi. Oh, ce n’est pas expressément interdit ; pas encore. Pour l’instant, c’est seulement recommandé. Et quiconque enfreindra la règle ne sera pas abattu sur le champ ; pas encore, à tout le moins. Mais on voit bien s’amorcer la dérive : à ce rythme, il ne sera bientôt plus possible d’entrer dans un troquet sans être fouillé de pied en cap. Et malheur à celui qui dissimulera un bloc de foie gras dans son holster, cette arme française qui terrorise la bienpensance yankee. Si ça se trouve, nul ne pourra plus pénétrer dans les bureaux de la Navy sans être alpagué par un bataillon de Jethro Gibbs. Tout Américain sera impuissant face au NCIS, au FBI et au bijoutier niçois. Si c’est ça la liberté à Washington, autant vivre à Beyrouth ou à Damas.

En revanche, certains citoyens américains sont plus libres que d’autres. Ceux qui n’ont pas besoin de pousser la porte de Starbucks pour s’envoyer un capuccino, vu qu’ils ont une armée d’arpettes pour satisfaire leur envie du moment. Et parmi eux, le Banquier central, un personnage considérable aux Etats-Unis en sa qualité de grand-prêtre de la divinité dollar – dont le culte s’étend bien au-delà du Nouveau monde. Voilà maintenant un bon bout de temps que Ben Bernanke tire un joli paquet de munitions : 85 milliards par mois de billets de gros calibre, tout droit sortis des manufactures de la FED qui tournent à plein régime. On ne peut encore dénombrer les victimes de la fusillade, vu que les blessures mettent un certain temps avant de provoquer la gangrène. Mais tout porte à croire qu’à côté de Ben, Attila passera bientôt pour un caïd de cour de récré. Tout le monde s’attendait à ce que Bernanke mît un bémol à son pilonnage, vu que le pays avait regagné quelques positions en termes d’activité et d’emploi. Mais chez l’Oncle Sam, on ne cesse pas le combat avant d’avoir anéanti l’ennemi et transformé le paysage en champ de ruines. Si bien qu’il faudra sans doute une éternité à tous les peuples de la planète, pour ramasser les douilles que Ben aura laissées avant de prendre sa retraite. On lui recommande d’installer chez lui un bon percolateur. Car prendre un café chez Starbucks ne sera pas sans danger. Même si les clients sont désarmés.

La recette du jour

Omelette à la Schumpeter

Vous avez une fonction de premier plan au sein de la première économie du monde. Mais les affaires vont de traviole et rien ne semble pouvoir les rétablir. Potassez sans délai Schumpeter et ses versets sur la destruction créatrice. Employez-vous à tout démolir sans états d’âme. Vos successeurs pourront renouer avec la croissance. Ceux qui survivront, à tout le moins.

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