L'Olympe décoté

L’Olympe décoté

Les temps sont durs pour tout le monde. Voyez le Président Obama, contraint d’aller siroter une pinte de Guinness en Irlande avant de gagner le G8 de Deauville. Il a dû accepter ce job d’agent de voyages pour payer le kérosène de son Air Force One. La Reine d’Angleterre avait fait la même chose peu de temps avant (la Guinness en moins, le chapeau en plus), histoire de se refaire un peu des coûteuses épousailles de son petit-fils. Dublin met vraiment le paquet pour promouvoir le tourisme : si vous ne mariez personne cette année et que votre jet personnel carbure au méthane, passez donc quelques jours de vacances en Irlande. Ce serait sympa. Et « citoyen ». A moins que vous ne préfériez faire un saut en Grèce, qui a elle-aussi bien besoin de votre aide. Il ne suffisait pas que l’agence Fitch lui ait envoyé un nouvel exocet, en reléguant sa note dans les profondeurs du classement. Si bas que même Zeus ne peut plus rien pour elle : les dieux ont déserté l’Olympe. Voilà qu’en prime les hommes projettent de dresser des palissades avec la Turquie : leurs frontières communes seraient une véritable passoire Schengen. Ce qui agace les Etats de l’Union tout autant que l’impécuniosité de la Grèce, empêtrée dans un scénario plus dramatique encore qu’une tragédie d’Eschyle.

Athènes est donc contrainte de dessertir les bijoux de famille pour les abandonner aux créanciers. Les entreprises publiques vont être promptement privatisées : le téléphone, la poste, l’eau, les grands ports. La curée. Pour ajouter à son malheur, la Grèce était absente du festival de Cannes : rien à tirer de sa créativité cinématographique. Et seule représentante du pays à Roland Garros, Eleni Daniilidou, une belle brune de plus de six pieds d’altitude, s’est fait éjecter au premier tour par une Américaine minuscule et presque quadragénaire. Demeure l’option du casino de Deauville pour le ministre des Finances grec, mais il n’est pas invité au G8. Que restera-t-il aux Grecs quand ils auront bazardé leurs trésors, viré leurs fonctionnaires et pressuré leurs contribuables ? Des dettes. Des dettes encore trop lourdes pour être supportées par un pays exsangue. Ils n’auront alors d’autre issue que de vendre leur âme, en supposant qu’il y ait preneur, ce qui est douteux. Ou de déclarer forfait face aux créanciers : encore jugée inconcevable par les autorités de l’Union, cette hypothèse devient désormais inéluctable. La grande purge pourra alors commencer. Et pas seulement pour les Grecs…

La recette du jour

A la grâce d’Athéna

Vous avez définitivement épuisé votre capacité de crédit et perdu jusqu’au sommeil. Relisez George Bernard Shaw : « Si je dois 10 livres à mon banquier, je ne dors plus ; si je lui dois 1.000 livres, c’est lui qui ne dort plus ». Renoncez à rembourser vos dettes et allez vous recoucher : demain est un autre jour. Si vous êtes propriétaire du Parthénon, conservez-le : la déesse Athéna vous vous en saura gré.

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