La propagande gazeuse

La propagande gazeuse

Les Boursiers ont, hier, été saisis par une petite pétoche. Qui se propage en Asie ce matin. Oh, rien qui ressemble à la tentation de jeter le bébé avec l’eau du bain. Du moins pas encore. Il faut reconnaître que les marchés se sont jusqu’à maintenant montrés superbement indifférents à la chienlit ambiante. Qu’il s’agisse de l’économie – aphasique -, du système financier – vérolé – ou de la sécurité du monde – chancelante. Car le baromètre de la météo planétaire est étalonné aux seules averses de liquidités que les Banques centrales font pleuvoir sur les places financières. Tout le reste est à ranger au rayonnage des états d’âme plébéiens, des enfantillages qui effleurent à peine la bonne conscience des grandes personnes. Sauf qu’au jeu de la reconfiguration du monde à coups de pétoire, les stratèges autoproclamés, les missionnaires de la démocratie, les propagandistes des vertus droits-de-l’hommistes finissent par s’emmêler les ripatons. Il ne leur est plus possible de dissimuler leurs objectifs bassement épiciers sous la guimauve de croisades humanitaires. La propagande devient à ce point vulgaire qu’elle insulte l’intelligence de sa propre opinion publique.

« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » : telle est désormais la martingale de l’Empire conquérant, pour zigouiller les roitelets qui refusent la vassalité. Qu’un chef d’Etat refuse de se soumettre au pillage du colonisateur et le voilà convaincu de tyrannie. Méritant à ce titre que l’on sème la zizanie dans son pays. Et qu’on lui prête des intentions sanguinaires, voire des actes génocidaires. Telle l’« attaque chimique » en Syrie. Voilà de longs mois que le suzerain américain, relayé par ses affidés européens et moyen-orientaux, menace Assad-le-criminel du feu de l’Enfer en cas de recours aux armes chimiques. Faute d’avoir réussi à déloger le Président syrien par l’introduction dans le pays de cohortes de djihadistes, équipées de la quincaillerie guerrière appropriée, la coalition vertueuse a fini par obtenir, par la grâce divine, son « attaque chimique ». Dont des vidéos ont été postées sur le web quelques heures avant qu’elle n’ait été déclenchée. La magie de la prémonition, probablement... Pour autant, même si bien des victimes ont été inventées dans le scénario, il est peu douteux que des gaz aient été répandus. Mais par qui ? La suspicion est légitime. Sauf pour ceux qui attendaient l’alibi providentiel pour s’asseoir sur le droit international et l’arbitrage de l’ONU. Et promettre une agression en bonne et due forme. Notre pays a profité de l’occasion pour s’illustrer dans la servilité rodomonte, se déclarant « prêt à punir ceux qui ont pris la décision de gazer des innocents ». La France brandissant le glaive d’une justice frelatée, prête à occire d’autres innocents, coupables de défendre la souveraineté de leur pays contre des pillards de gaz fossile. Pour de telles exactions, la « communauté internationale » mal nommée méritera la malédiction jusqu’à la septième génération.

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