La vie en leasing

La vie en leasing

Va-t-on devoir solliciter l’intervention du président Poutine pour éviter une déflagration en Belgique ? La question mérite d’être posée si l’on en juge aux conséquences de l’ingérence involontaire de la Chine dans les affaires intérieures du Royaume. Tout étant prétexte à chicane entre Flamands et Wallons, le conflit présent repose sur l’accueil de deux pandas géants que Pékin a accepté d’expatrier, après de longues négociations dont le contenu est classé au rang de secret d’Etat. Mais il y a deux grands zoos en Belgique : l’un à Anvers et l’autre à Brugelette, près de Mons. Et c’est ce dernier, situé dans le fief du Premier ministre Di Rupo, qui a enlevé le morceau. Il y a donc suspicion de favoritisme, bien entendu. Ce qui n’est pas nécessairement bien jugé de la part des Flamands. Ces derniers ayant la réputation d’être parcimonieux, ils devraient se réjouir d’avoir échappé à la facture qui accompagnera le séjour des deux pandas. Lesquels sont bien « prêtés » par Pékin, mais il faut entendre le prêt au sens bancaire du terme. Il s’agit plutôt d’une location, dont la rumeur prétend que son prix est proportionnel à la rareté des animaux en cause. Pour que le zoo Pairi Daiza retombe sur ses pattes, il faudrait que le couple le gratifie d’une nombreuse descendance pendant ses vacances belges. Le problème, c’est que le panda mâle est très pudique : il répugne à s’accoupler en public. On ne saurait le lui reprocher.

On ne saurait davantage reprocher aux Chinois d’exploiter l’affection occidentale pour les pandas, par le négoce en leasing de quelques spécimens d’une espèce protégée. Il semble que les Etats-Unis aient développé une technique voisine d’échange et de location-vente ; pas avec les animaux, mais avec les enfants. L’adoption aux States est une procédure réputée coûteuse. Ce pourquoi les pingres qui veulent un enfant sans se ruiner vont se fournir à l’étranger, dans les pays où l’offre excède la demande. Seulement voilà : beaucoup sont déçus par leur acquisition. Et comme il n’y a pas de service après-vente, ils ont organisé sur internet une sorte de brocante qui leur permet de céder ou d’échanger les mouflets dont ils se sont lassés. Apparemment, cette nation vertueuse et volontiers moralisatrice qu’est l’Amérique ne voit rien à redire à de telles pratiques. Pas même le très prude réseau Facebook, qui considère l’affaire comme un banal « reflet de la société ». C’est ça une économie de services, coco.

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Vos enfants se montrent souvent turbulents, agaçants, insolents voire insupportables. Vous avez beau savoir que tous les parents endurent la même épreuve depuis le début des temps, vous ne parvenez pas toujours à contrôler la situation. Menacez les chenapans d’être loués à un zoo pékinois. Ou pire encore, d’être adoptés en leasing par une famille américaine. Ça devrait les calmer pour un bon bout de temps.

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