Le billot pour un souffle

Le billot pour un soufflet

Voilà donc une nouvelle et splendide occasion de semer la zizanie dans le petit village gaulois qu’est la France. Un village qui se targue de résister à l’envahisseur mondialisant, sans recours à une potion magique autre que l’exception culturelle et la cervoise fraîche. Et où il est maintenant question de légiférer sur la prohibition de la baffe et de la fessée, l’une ayant popularisé la subtile stratégie militaire d’Obélix, l’autre ayant convaincu Justine des Malheurs de la vertu. Mais il s’agit ici de la claque et de la fessée qui sont distribuées aux enfants turbulents depuis des temps immémoriaux, sans que les parents soient conscients des traumatismes indélébiles infligés aux mouflets. Lesquels sont ainsi exposés au risque de devenir délinquants, drogués, bourreaux de Béthune ou politiciens. Une Bérézina éducative, en somme. Heureusement, grâce au sens de la mesure qui caractérise notre époque raffinée, les théoriciens de l’éducation assimilent la fessée la plus symbolique à une rouste, une raclée ou une torgnole, qui sont indubitablement des violences condamnables. Et déjà sanctionnées. Mais dans une société évoluée comme la nôtre, il convient d’adopter les usages d’un élevage policé : quand les enfants mettront le feu aux rideaux, on ne pourra désormais les gronder qu’en présence de leur avocat. Sous peine de s’exposer à la prison à perpétuité.

Reconnaissons que la gifle ou la fessée ne soient jamais la réponse optimale aux méfaits enfantins. De la même façon que la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres. Mais c’est un moyen efficace de mettre rapidement un terme à une crise passagère et… à l’exaspération des parents. Il faut penser à eux, aussi, de temps en temps. On doit d’ailleurs déplorer que cette pratique soit déjà sévèrement réglementée entre adultes. Car la tentation est fréquente de balancer des baffes aux innombrables têtes à claques qui envahissent les écrans de télé et noircissent les colonnes de journaux. A croire que leurs parents se sont montrés à ce point permissifs que, devenus adultes, ils ne connaissent toujours pas les limites à ne pas dépasser. Selon quoi les professionnels de l’éducation, qui n’ont pas le temps d’avoir des enfants, devraient méditer cet adage de la sagesse populaire. Selon lequel les claques perdues ne se rattrapent guère, les claques perdues ne se rattrapent plus.

La recette du jour

Education à la dure

Vous êtes exaspéré par vos mouflets insolents, turbulents et insubordonnés. Telle est la loi de l’espèce : les chiens ne font pas des chats. Mais ne soyez pas assez cruel pour leur refuser les baffes qu’ils réclament. Car si vous vous dérobez, vos enfants pourraient sombrer dans la politique. Et se venger en vous assommant de leurs claques d’impôt.

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