Le CIO atomisé

Le CIO atomisé

Les Boursiers japonais avaient la pêche, ce matin. Dopés à la fierté d’avoir été choisis comme organisateurs des J.O de 2020. Et enthousiastes à la perspective d’engranger les retombées économiques d’un tel événement – encore que les avis soient partagés sur cette question : il semble que quelques uns encaissent un bonus immédiat, mais qu’une génération entière de contribuables soit nécessaire pour régler l’ardoise résiduelle. Dans le cas du Japon, on est un peu inquiet pour l’avenir des finances publiques : en temps ordinaire, les gouvernements n’hésitent pas à bétonner le pays pour soutenir l’activité. Si bien que la dette se balade autour de 240% du PIB, avec d’excellentes perspectives d’enflure. Si bien qu’à l’échéance de 2020, l’archipel nippon pourrait être devenu une grosse pelote de dettes, parcouru d’un réseau inextricable d’autoroutes, d’édifices publics et de ponts antisismiques. Tous superflus. On se demande bien où les Japonais pourront encastrer les stades supplémentaires qu’il faudra aménager, sachant que leur ambition est de concentrer l’essentiel des épreuves dans un rayon de quelques kilomètres de la capitale. Mais enfin, que l’on se rassure : Tokyo aurait déjà épargné la moitié de la somme nécessaire à la mise en place des équipements. Il suffira donc de demander à la Banque centrale du pays d’imprimer le complément (elle a déjà commencé).

Les Jeux continuent ainsi d’exercer une fascination incroyable sur les populations. Et suscitent une bagarre féroce entre Etats qui posent leur candidature au statut de ville olympique. La victoire dans cette compétition relève de l’exploit diplomatique. Au point de générer des réactions cocasses. L’agence de presse Chine Nouvelle, organe officiel du PC chinois, a ainsi annoncé avec gourmandise que Tokyo avait été évincée par le CIO. Une précipitation inopportune, due à une mauvaise interprétation du processus assez sibyllin que suit le Comité de sélection. Et témoignage d’une animosité de longue date entre les deux nations. Pourtant, si le gouvernement de Pékin souhaitait le pire à son homologue japonais, il aurait dû applaudir la victoire de Tokyo, annonciatrice d’embarras majeurs pour le pays du Soleil levant. Outre la facture pharaonique que suppose l’organisation des Jeux, le Japon devra absorber celle, titanesque, que promet l’assainissement, toujours incertain, de Fukushima. Au vu des résultats peu probants jusqu’ici obtenus dans la sécurisation du site, et de l’extension continue des dégâts par diffusion des eaux contaminées, il est permis de se demander jusqu’où s’étendra le no man’s land nucléarisé dans sept ans. Certes, Tokyo est à 300 km de Fukushima : une distance plus longue que celle qui sépare la Roche Tarpéienne du Capitole. Mais il est probable que dans sept ans, ni les athlètes, ni le public, ni les grands-prêtres du CIO n’auront vaincu leur saine trouille de l’irradiation. Voilà qui promet bien des rebondissements.

La recette du jour

Dopage au césium

Vous êtes passionné par le sport et à ce titre désireux que vos enfants embrassent une carrière d’athlète. Envoyez-les s’entraîner à Tchernobyl : ils seront prêts pour affronter les Jeux nucléaires de Tokyo en 2020. Avec une bonne chance d’en revenir médaillés : les concurrents pourraient s’y révéler aussi rares que la clairvoyance dans un Comité olympique.

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