Le contribuable verdit

Le contribuable verdit

Vous êtes encore en vacances ? Eh bien si vous voulez un conseil, restez-y. Et respectez scrupuleusement les paliers de décompression avant de remonter à la surface de la vie ordinaire. Car un retour trop brutal vous exposerait à des traumatismes irréversibles. Autant avouer ce qui vous attend et vous mettre au parfum tout de suite : vous trouverez dans la boîte aux lettres votre avertissement fiscal. Oui, d’accord, c’est normal pour la saison. Oui, d’accord, vous saviez déjà que votre contribution allait s’alourdir. Mais la mauvaise surprise, c’est que l’addition est plus salée que vous ne l’aviez redouté. Un peu comme les notes de restaurant sur votre lieu de villégiature : un supplément par ci, une majoration par là, votre plat ne figurait pas dans le menu et le service n’était pas compris – bien qu’il fût approximatif, nonchalant, voire délibérément agressif. Mais bon, en période estivale, on oublie vite les petits embarras d’intendance. Car les vacances sont trop courtes pour que l’on se prenne la tête.

En revanche, les périodes de labeur sont interminables. D’autant plus longues quand les affaires vont de traviole, sans une ligne droite pour apercevoir le bout du tunnel. D’autant plus décourageantes quand le fisc prélève une part grandissante des bénéfices du travail durement acquis. Sachez-le : dès que vous aurez regagné vos pénates, vous n’entendrez plus parler que d’un sujet, le seul qui vous sape le moral à coup sûr : les impôts, bien entendu. Pas seulement ceux qu’il faut solder sur les revenus de l’année dernière, mais ceux qui vous attendent pour l’année à venir. Oui, d’accord : selon la promesse présidentielle, il n’y aura pas d’augmentation. Sauf si cela s’avère nécessaire (apparemment, ça l’est déjà). En attendant, pour arrondir les fins de mois, le Gouvernement projette d’inventer un nouveau prélèvement, la « contribution climat-énergie ». Mais attention : "Ce n’est pas une taxe nouvelle, ce n’est pas une fiscalité additionnelle, mais une fiscalité de substitution". Ouf ! Nous voilà rassurés. Sur le plan pratique, toutefois, il semble bien que ce soit un impôt de substitution additionnel – une novation hardie dans la doctrine fiscale. Selon le ministre des Finances, l’objectif du dispositif est d’entamer le « verdissement de la fiscalité ». En somme, de concevoir des impôts qui encouragent le contribuable à adopter des comportements « vertueux ». C’était donc ça : depuis des temps immémoriaux, nous payons des impôts qui favorisent l’immoralité. Il était temps qu’un gouvernement nous remît sur la voie de la vertu. Croisons les doigts pour que la nouvelle fiscalité ne fasse pas trop verdir le contribuable. Le faire verdir de rage, s’entend.

La recette du jour

Fiscalité au pistou

Vous êtes ministre des Finances et bien embêté pour alourdir une fiscalité déjà trop élevée. Utilisez une vieille recette provençale que vous présenterez comme une novation : faites un brouet des vieux impôts que les contribuables ne peuvent plus avaler. Et arrosez-le d’un pistou bien corsé de bonne conscience verte. N’hésitez pas à forcer sur l’ail de la mauvaise foi.

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