Le Français est un Belge

Le Français est un Belge en devenir

Vous avez bien fait d’être parti en vacances. Et d’avoir totalement renoncé à suivre l’actualité. Bon d’accord, vous avez raté la naissance du futur George VI – vous savez, l’arrière-petit-fils de la mamie à chapeaux. Mais rassurez-vous : vous entendrez parler de lui bien avant qu’il ne prenne sa première cuite. En revanche, pour votre plus grande sérénité d’esprit, vous avez échappé à une publication plus déprimante encore que n’importe quel rapport de la Cour des comptes. Il s’agit d’une étude pilotée par l’Institut Molinari, un think tank bruxellois chargé de promouvoir les idées libérales – comme si l’Union était un repaire de cocos non repentis. Le dossier traite du « fardeau fiscal et social de l’employé moyen au sein de l’UE ». Le titre seul annonce déjà la couleur. Eh bien, si vous êtes un employé moyen, que la Reine d’Angleterre et l’Archevêque de Cantorbéry vous viennent en aide : vous êtes plus chargé de prélèvements qu’un âne bâté - 56,61% de vos revenus, pour être précis. Si bien que vous travaillez jusqu’au 26 juillet au profit de l’Etat (vous êtes donc parti en congés avant d’avoir soldé vos dettes, ce qui n’est pas très raisonnable). Il n’y a que le Belge qui soit plus mal loti que vous : il doit turbiner jusqu’au 8 août pour s’affranchir de son dû à la collectivité. Pas étonnant que le Roi ait préféré abdiquer.

Il résulte de cette situation que l’employeur français est injustement décrié : il figure parmi les plus généreux de l’Union à l’égard de ses salariés ; mais après paiement des charges, taxes et impôts, les employés régressent au 9ème rang en termes de pouvoir d’achat. Pour autant, en dépit des ressources considérables qui y sont consacrées, les services publics français ne peuvent s’enorgueillir de leur performance. Pour preuve, l’Etat traîne un déficit budgétaire depuis des lustres, qui aggrave un peu plus sa situation chaque jour. Et sur le terrain social, les régimes de retraite présentent un déficit de provisionnement estimé à… 362% du PIB, ce qui laisse présager un avenir catastrophique. Pas étonnant que l’Institut Molinari plaide haut et fort pour le dynamitage de la dépense publique, plutôt que pour une relance illusoire par de la dette supplémentaire. Certes, le discours de l’Institut n’est pas brodé à la dentelle rhétorique, mais le péril est tel que la litote n’est plus de rigueur. Car au rythme des atermoiements de notre pays, il est probable que nous devrons bientôt travailler jusqu’à la fin de l’été pour régler nos contributions. Et ainsi dépasser les Belges dans le poids du fardeau. A se demander si le Roi de France ne va pas préférer abdiquer.

La recette du jour

Plan de carrière pour nourrisson

Vous venez de naître en France et vous constatez que le pays est géré comme un claque de quartier. Préparez votre avenir. Fréquentez la famille Windsor tant que le jeune George n’a pas été fiancé. Certes, vivre à la Cour d’Angleterre n’est pas de la tarte. Mais c’est plus supportable qu’une carrière de salarié impécunieux avant une retraite de SDF.

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