Le juin boursier sera

Le juin boursier sera frais

N’oubliez pas ce matin de mettre une petite laine. La journée devrait être fraîche, voyez-vous. Pas vraiment à cause de monsieur météo, qui nous promet pluies et orages sur tout le territoire. C’est plutôt en Bourse que le climat est préoccupant. Il se forme depuis quelques jours une dépression assez hésitante, comme si elle cherchait une bonne raison de s’étoffer. Hier déjà, les places européennes faisaient la tête. Et Wall Street clôturait aussi en baisse, inquiet de la hausse des taux sur les T-bonds américains : les investisseurs se mettent à bouder la dette de l’Oncle Sam, figurez-vous. Ils craignent maintenant que Ben Bernanke, le patron de la FED, qui depuis un bon moment se comporte en papa-gâteau en ramassant les emprunts US par grandes brassées, ne change prochainement son fusil d’épaule. Il faut dire que ça commence à chauffer au sein du board de la Banque centrale : de plus en plus nombreux sont les membres qui tirent la sonnette d’alarme face aux dangers démesurés des mesures « non conventionnelles » à répétition. En d’autres termes, ils commencent à mouiller leurs braies devant l’usage immodéré de la planche à billets. Ils n’ont pas tort, bien entendu ; sauf qu’il est un peu tard pour frissonner : le mal est déjà fait.

Il n’empêche que la pétoche des boursiers yankees a eu pour effet d’affaiblir le dollar, qui n’est déjà pas très gaillard, notamment face au yen que les autorités nipponnes s’emploient à massacrer avec un entrain rafraîchissant. Avec pour objectif officiel de doper la consommation intérieure, et pour ambition inavouée de favoriser les exportations japonaises. Un nouvel épisode de la guerre des monnaies. Seulement voilà : la double perspective d’une remontée des taux et du raffermissement du yen vient contrarier la stratégie roublarde de Tokyo. En parfaite conformité avec les prescriptions immémoriales de la loi du maximum de vexation : en économie, ce sont toujours les hypothèses les plus désagréables qui finissent par se réaliser. Autrement dit : la tartine tombe toujours du côté de la confiture. Si bien que le Nikkei subit ce matin un nouveau hoquet baissier : plus de 6% de chute en séance. Un recul qui s’ajoute à la purge de 20% des jours précédents, venant corriger, il est vrai, la forte hausse déclenchée au mois d’avril. Mais les chartistes, qui surveillent leurs courbes comme des alchimistes leurs cornues, auront observé que le cours du Nikkei vient d’enfoncer la moyenne mobile à deux ans. Tout comme un vol de corbeaux sur le champ de bataille, c’est un très mauvais présage.

La recette du jour

La Bourse ou la vie

Vous avez appris depuis l’enfance que les actions sont le placement le plus rémunérateur dans le long terme. Ce n’est pas complétement faux. Ni entièrement vrai. Mais de toute façon, dans le long terme, nous serons tous morts. Et dans le court terme, le jeu de la Bourse est autrement plus périlleux que la roulette. La roulette russe, s’entend.

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