Le Rocher de la discorde

Les revendications territoriales constituent, depuis toujours, le principal sujet de conflit entre Etats. En témoigne la tension constante entre le Japon, le Chine et Taïwan, autour des Iles Senkaku (Diaoyu en chinois), un petit archipel en Mer de Chine orientale. Pas une âme qui vive sur ces îlots, ni aucune ressource particulière – à part le guano. Mais leur possession est d’une importance capitale sur le plan géopolitique : avec les eaux territoriales qui y sont attachées, elles constituent un point névralgique pour qui prétend assurer le leadership régional en Asie. Accessoirement, les fonds marins en cause sont riches en hydrocarbures… Ce sont des considérations de même ordre qui ont provoqué la crise ukrainienne : le pays est un joker géographique capital pour verrouiller la domination sur le continent eurasiatique, entre le bloc des pays de l’Otan et la Confédération russe. Accessoirement, le sous-sol ukrainien est truffé de trésors énergétiques… De la même façon, l’épopée britannique des Malouines visait à préserver une étape maritime majeure vers l’Antarctique, et accessoirement un large périmètre d’eaux territoriales riches en ressources précieuses, et donc logiquement convoité par le voisin argentin.

Heureusement, nous autres Européens avons bâti une Union supposée prévenir à jamais tout conflit territorial entre ses membres. Plus question de nous faire confisquer l’Alsace et la Lorraine. Ni de renoncer à notre souveraineté sur la Corse, la Bretagne ou la Savoie. Encore qu’un différend ne cesse d’enfler entre la Couronne britannique et son homologue espagnole. Relativement à Gibraltar, un rocher cédé à la Grande-Bretagne en 1713, par le deuxième traité d’Utrecht. Les embrouilles dans l’interprétation du Traité durent depuis trois siècles, mais elles ont commencé à s’envenimer avec des histoires de pêcheurs - Madrid contestant la souveraineté britannique sur les eaux territoriales. Et désirant remettre en question l’autorité de Londres sur cette enclave stratégique, qui constitue une sorte de comptoir franc pour le commerce anglais – ou pour le trafic, si l’on préfère, cette appellation étant plus conforme à la tradition du défunt Empire britannique. Le contentieux devient très sérieux. Pour preuve, la Reine Sofia a, l’année dernière, annulé sa participation au jubilée de diamant de la Reine Elisabeth. Si ça se trouve, l’infante Cristina, duchesse de Palma de Mallorca, ne suivra pas cette année la Gold Cup aux courses hippiques d’Ascot. Dans cette hypothèse dramatique, on peut craindre le pire pour les relations entre les deux royaumes.

La recette du jour

Gestion du voisinage

Vos ancêtres du XVIIIème siècle ont imposé à la famille voisine un droit de passage dans sa propriété. En dépit des protestations, n’y renoncez jamais. Au contraire, profitez-en pour y acheminer en catimini votre contrebande, et pour chaparder dans les potagers limitrophes. Et peu importe si vos voisins snobent l’invitation à votre bal annuel.