Les amitiés faux-cul

Les amitiés faux-cul

Malheur à celui par qui le scandale arrive. Il n’y aura bientôt plus un seul endroit de la planète où le jeune Snowden pourra se protéger de la fureur de l’Oncle Sam. Ainsi que de la réprobation de tous les autres pays, alliés patentés ou ennemis déclarés des USA, qui sont espionnés avec la même diligence démocratique. Car nul ne peut raisonnablement ignorer le fait : depuis la fin de la Deuxième guerre, les services américains de renseignement ont infiltré la Terre entière, et proliféré au rythme des avancées de la barbouzerie technologique. Du reste, Hollywood en fait depuis longtemps ses choux gras, encore que ses fictions soient probablement en-dessous de la réalité. Mais autant il est intolérable pour les States qu’un espion autochtone aille cafter à l’étranger – il s’agit en effet d’un acte de trahison, l’intéressé ayant fait promesse solennelle de garder le secret sur les turpitudes de l’espionnite –, autant il est désobligeant pour les victimes de voir ainsi publiquement dénoncées les atteintes à leur intégrité. Surtout chez les alliés. C’est la même démarche que pour les violences conjugales : celui qui les subit préfère généralement qu’elles ne soient pas ébruitées. A cause de la honte. Et d’un sentiment de culpabilité.

Si bien que même la Russie, pourtant peu suspecte de vouloir frayer avec l’Amérique, veut bien offrir un toit à Snowden pour peu que ce dernier accepte de la boucler. Quant aux Européens, apparemment privilégiés dans le viol des petits secrets, l’indignation officielle ressemble à la plus mauvaise pièce jouée par les plus mauvais comédiens. L’Allemagne tempête en ut majeur contre les mauvaises manières qui lui sont faites, elle qui se comporte en vassal docile des States depuis des lustres ; en France, le Président « tape du poing sur la table  », nous relate la presse avec gourmandise. Ce qui, on s’en doute, a dû terroriser le Pentagone et la Maison-Blanche. Cette dernière va donc se fendre d’« explications » lasses, après celles de John Kerry, lâchant en substance sur un ton patelin : « Comment ça ? Vous ne saviez pas ? Mais enfin, tout le monde le fait  ». Ce qui au demeurant est parfaitement vrai. Sauf que les USA y consacrent des moyens incomparables. Les réactions faux-cul des Européens témoignent de la réalité douloureuse de leur pleutrerie : ils ne cessent de fayoter auprès des Américains, comme les petits à lunettes auprès du caïd de la cour de récré. Ils ont échangé leur souveraineté contre la promesse de ne pas prendre de baffes. Il est maintenant notoire que les Yankees les traitent comme des moins-que-rien : cela les empêchera-t-il de finaliser le grand traité commercial transatlantique, destiné à légaliser le racket des USA sur l’Union ? Les paris sont ouverts. Mais à ce jour, l’UE n’a qu’une toute petite cote.

La recette du jour

Pacifisme et dignité

Vous m’aimez pas le conflit et vous êtes plutôt douillet. Si votre pacifisme vous honore, il ne vous oblige pas pour autant à vous dépouiller de votre dignité. Car les gros bras respectent leurs ennemis, même s’ils les combattent ; mais ils méprisent les collabos, même s’ils les épargnent.

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