Les commémorations désacra

Les commémorations désacralisées

La récente commémoration du 11 novembre n’a pas fini d’alimenter les commentaires. D’autant que les quatre ans qui viennent sont promis à célébrer le souvenir centenaire de la Grande Guerre, qui pourtant ne fut pas la dernière avant que soient purgées, définitivement espère-t-on, les vieilles querelles franco-allemandes. Il y a donc quelque chose d’incongru à vouloir ranimer le patriotisme tripal, celui que l’on invoque principalement en cas de conflit. Car tout s’emploie aujourd’hui à dissoudre le sentiment national dans une appartenance européenne supposée fédérer les attentes communes. Avec des succès mitigés, convenons-en… En tout cas, pour une journée qui prétendait sanctifier l’union nationale, les désordres qui ont entaché la solennité de la commémoration parisienne témoignent au moins de ce constat : les grands-messes de la République ne sont plus consensuelles. Il n’est désormais plus tabou d’entraver les rituels qui consacrent sa sacralité. Soit que les hérétiques prospèrent en nombre et en hardiesse – c’est la thèse de ceux, de toutes obédiences, qui ont condamné les débordements sur les Champs-Elysées -, soit que la foi commune ait été dévoyée par des grands-prêtres soupçonnés de tartufferie. C’est bien cette dernière hypothèse qui semble la plus probable : célébrer la Nation n’est guère crédible, de la part d’officiants dont l’action quotidienne revient à sacrifier les intérêts nationaux sur l’autel du commerce euro-globalisé.

Faut-il continuer de commémorer la fin des deux guerres mondiales, qui se sont, notez-le bien, soldées par la défaite des ennemis de la France, devenus depuis lors des alliés indéfectibles ? Depuis que nous sommes entrés dans l’ère éternelle de la pacification européenne, de telles manifestations ne sont guère appropriées, ni vraiment courtoises à l’égard de nos frères en Union. S’il s’agit de rappeler au souvenir de chacun l’horreur de la guerre, sans doute serait-il préférable de ramener toutes les commémorations à une date unique. Le 18 juin, par exemple. Anniversaire de la bataille de Waterloo : une pâtée pour notre pays, rappelant les risques que l’on encourt à agresser ses voisins. Anniversaire du célèbre Appel, glorifiant le sursaut de dignité salvateur des nationaux agressés. Une date qui serait à la fois la fête de l’humilité et de la fierté. Et pour flatter le chauvinisme cocardier, qu’il est apparemment difficile d’évacuer, on pourrait retenir le 12 juillet pour célébrer l’orgueil français. En référence au 12 juillet 1998, date mémorable de l’unique victoire de notre pays à la Coupe du monde de football. Pour un tel événement, aucun manifestant n’oserait troubler les festivités. La preuve que chez nous, il y a encore des valeurs sacrées.

La recette du jour

Le foot comme antidépresseur

Vous êtes appauvri par la crise, étrillé par les impôts, tyrannisé par vos mouflets et harcelé par vos voisins. Vous êtes excédé et prêt à péter un câble à la première occasion. Ressaisissez-vous. A la prochaine commémoration nationale, envoyez votre famille au défilé. Ouvrez une bonne bouteille et repassez-vous la finale de la Coupe du monde de 1998. Vous vous sentirez mieux jusqu’à la prochaine écotaxe.

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