Les miracles du week-end

Les miracles du week-end

Vous avez tort de vous faire du mauvais sang pour l’avenir de notre pays. Certes, les chiffres de l’activité et du chômage sont plutôt moches : voilà un bon moment que seuls les impôts prospèrent, au même rythme que les manifestations protestataires. Mais on sent bien que la longue série noire est en train de prendre fin ; que la poisse nous quitte ; que la baraka revient. Il y a une preuve évidente que les mouches ont changé d’âne, comme disait grand-mère : l’équipe nationale de foot. Voilà peu, les Bleus ont obtenu une victoire miraculeuse contre les Ukrainiens (lesquels ne s’en remettent pas, si l’on en croit l’actualité). Et voilà que le tirage au sort du Mondial leur offre une poule de rêve. Non, on ne parle pas de Fernanda Lima, la splendide speakerine brésilienne qui a tiré notre bonne fortune du chapeau. Un vrai porte-bonheur, cette Fernanda ; on devrait lui demander de remplacer Catherine Langeais, notre présentatrice vedette. Enfin, c’était elle, la dernière fois que votre serviteur a suivi le journal télévisé. Quoi qu’il en soit, aux dires des spécialistes, un seul tirage aurait été plus favorable : celui qui nous aurait opposé aux équipes des Iles Pitcairn, Cocos et Christmas, plus le Vatican – autant d’Etats dont la population cumulée ne suffirait pas à remplir une seule travée du Stade de France. Une chance incroyable : vraiment, notre équipe a les crampons bordés de nouilles, si vous nous passez l’expression.

Le week-end écoulé a produit un autre miracle à Bali. C’est du moins ce que prétendent les participants au grand forum de l’OMC, fiers d’avoir signé le premier accord multilatéral depuis vingt ans. Il paraît que cette nouvelle étape dans la libéralisation du commerce international va doper le PIB mondial par milliers de milliards de dollars, et susciter l’embauche de millions de chômeurs. C’est-à-dire, notez-le bien, exactement le contraire de ce que la globalisation a produit jusqu’à ce jour. Le Père Noël est passé avant l’heure à Bali, où il a vidé sa hotte de chimères. Mais c’est bien la preuve que les choses peuvent changer si l’on y met un peu de bonne volonté. Voyez par exemple la Chine : le gouvernement vient d’interdire de servir nids d’hirondelles, ailerons de requins et autres bestioles sauvages lors des banquets officiels. Non, pas pour protéger les espèces menacées, mais pour réduire les dépenses somptuaires (ces horreurs coûtent les yeux de la tête). Et pour ramener élus et fonctionnaires à l’humilité confucéenne, il leur est désormais interdit de recevoir en cadeau des biffetons, des actions, des Ferrari ou des Fernanda exotiques. En un mot, le gouvernement chinois vient de prohiber la corruption. On ne voudrait pas critiquer, mais une telle mesure risque de porter gravement atteinte au commerce international. C’était bien la peine qu’ils se décarcassent, les négociateurs de Bali.

La recette du jour

Bakchich à l’aileron

Vous recherchez de nouveaux filons pour votre business qui patine. Réjouissez-vous des nouvelles opportunités. Non, les accords de Bali ne vous aideront pas (ils renforcent la concurrence). Mais les interdictions de Pékin sont une aubaine : montez un trafic d’ailerons de requins pour graisser la patte aux autorités. Le marché est énorme.

deconnecte