Les pâtés de l'OCDE

Les pâtés de l’OCDE

Ce doit être rigolo d’être économiste à l’OCDE. Le job est paraît-il bien payé et il y a une bonne sécurité de l’emploi. Car le travail est varié et ne manque pas : pensez-donc, avec toutes ces statistiques à compiler, tous ces rapports à rédiger, tous ces boutons de guêtre à compter. Ça ne laisse pas beaucoup de temps à la réflexion, bien entendu. Mais heureusement, telle n’est pas l’ambition de l’Organisation. Puisque ce sont les Etats-clients qui paient l’addition, les économistes leur servent ce qu’ils désirent entendre, délivrent un satisfecit général aux gouvernements et les tancent gentiment sur leurs « faiblesses » identifiées – entendez par là les écarts à la moyenne des membres du Club et leurs manquements à la morale gestionnaire des temps présents. Ce sont des experts, comprenez-vous ; ils connaissent exactement la politique à conduire, eux. Alors ils examinent les Travaux Pratiques des Etats, les notent avec indulgence et publient le corrigé. La France, par exemple, a pris « les mesures appropriées » (on dirait Trichet commentant sa propre politique monétaire). Très bien. Mais bon, il lui faut faire mieux dans la réduction de ses déficits, n’est ce pas ? Raboter ses dépenses et augmenter ses « impôts les moins nocifs ». Sans doute jusqu’à ce qu’ils deviennent aussi élevés que les impôts « les plus nocifs », ceux que l’Etat est condamné à maintenir. Merci du conseil, les gars.

Que retiennent les médias de cette logorrhée affligeante ? La presse belge du jour note que leurs ressortissants sont ceux qui travaillent le moins : 227 minutes par jour de travail rémunéré et un peu moins à faire les courses, à faire le ménage et à glander. En prime, ils ne consacrent pas beaucoup de temps à leurs enfants. C’est du joli. Mais il faut dire qu’ils ont une occupation à temps plein : nommer un gouvernement. Les Suisses sont travailleurs, serviables, faiblement corrompus (les stats n’intègrent pas les banquiers). Ils vivent vieux et consacrent un paquet d’argent à la formation de leurs enfants. Bravo. Mais ce sont des citoyens négligents, qui participent peu aux votations. A surveiller. Quant aux Français, ce sont les plus gros dormeurs du Club, figurez-vous. De vraies marmottes (presque 9 heures par jour). Une hygiène de vie qui apparemment les conserve : ce sont eux qui jouissent de la plus longue retraite. Et ils se préoccupent beaucoup plus de leur pomme que de leur prochain : ils écopent d’une banane sur « l’indice de fraternité ». C’était bien la peine de l’inscrire au fronton de la République.

La recette du jour

Menu du citoyen modèle

Vous êtes depuis toujours en quête de perfection. Ce sentiment vous honore. Puisque vous appartenez au Club huppé des pays développés, travaillez comme un Suisse, votez comme un Belge et dormez comme un Français. Si cela ne vous suffit pas, devenez économiste à l’OCDE : vous pourrez publier des niaiseries respectées et en plus, vous serez grassement payé.

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