Revers technologiques

Revers technologiques

La technologie américaine est décidément déroutante. Elle permet de réaliser d’authentiques prouesses : comme traquer le moindre soupir du troisième Secrétaire de n’importe quelle ambassade de la planète ; détailler le menu du palefrenier de l’écurie de l’Emir de Dubaï le jour des courses d’Ascot ; dézinguer par un drone tout individu suspect d’irrévérence à l’égard de l’Oncle Sam ; faire monter le Dow Jones jusqu’au ciel et contre toute raison, grâce à la puissance sans égale des rotatives de la FED. La technologie américaine a breveté la bombe atomique, les réseaux sociaux, le beurre de cacahouètes et l’americain way of life – autant d’inventions qui sont soit superflues, soit terriblement dangereuses pour l’espèce humaine. En somme, le génie technologique de l’Amérique s’exprime parfaitement lorsque ses productions ont pour effet de nuire aux contemporains.

Quand il s’agit de leur rendre service, les choses se compliquent. En témoigne le feuilleton extravagant de l’Obamacare, ce système de santé visant à généraliser la protection médicale aux Etats-Unis. Une mini-Sécu à la française, en quelque sorte, qui à ce titre déchaîne la passion des opposants, lesquels accusent le Président de vouloir soviétiser le paradis de la liberté individuelle. Autant que l’on sache, l’Obamacare est la seule initiative significative de la Maison-Blanche en direction des populations les plus exposées. Le seul dossier susceptible d’attacher au nom d’Obama autre chose que les couacs à répétition qui ponctuent ses mandats. Eh bien, pas de chance : l’architecture informatique du nouveau système – un domaine où l’expertise américaine est pourtant éprouvée – ne cesse de générer des bugs dramatiques. Au point qu’il est permis de se demander si les opérateurs ne pratiquent pas un sabotage délibéré. Peu de candidats ont réussi à se connecter sans dommages ; nombreux sont ceux dont les données ont été modifiées ou perdues ; beaucoup ont préféré renoncer devant l’épreuve. Pire encore, parmi ceux qui sont satisfaits de leur assurance-santé et qui ne souhaitent pas en changer, certains ont vu leur propre police purement et simplement annulée. Au total, le nouveau système pourrait avoir pour effet de diminuer le nombre d’Américains dotés d’une assurance-maladie. Si seulement Obama avait été informé à temps des fichiers de la NSA et du FBI, il n’aurait pas mis en branle un chantier qui doublonne les informations disponibles. Le Président des Etats-Unis peut connaître dans le détail les babillages de Merkel avec son coiffeur ; mais il ignore tout des assurances de ses techniciennes de surface. On ne le félicite pas.

La recette du jour

Surveiller ou produire

Vous êtes légitimement soucieux de la sécurité au sein de votre entreprise. En foi de quoi avez-vous équipé vos locaux, vos collaborateurs et leurs proches, d’un système de surveillance dernier cri. Prenez garde toutefois : en consacrant votre temps à l’espionnite de vos troupes, vous risquez de perdre tout intérêt à la bonne marche de vos affaires.

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