Tintin et les momies

Tintin et les momies

Chouette, Tintin revient ! Ce n’est pas vraiment une nouvelle aventure qui nous est proposée, car Hergé avait souhaité que le Petit Reporter disparût avec son créateur. Et tant que son œuvre n’est pas tombée dans le domaine public, ses héritiers font scrupuleusement respecter ses dernières volontés. Mais la publication proposée redonne vie à la première version des 7 Boules de cristal, inspirée de la légende née après la découverte du tombeau de Toutankhamon : bon nombre de participants à l’expédition avaient succombé à une maladie mystérieuse, après l’ouverture de la royale sépulture. C’est le thème de La Malédiction de Rascar Capac, ce grand-prêtre inca imaginaire dont Hergé assortit le tombeau d’une prophétie : « Dans des milliers de lunes (…) des profanateurs emporteront le corps de l’Inca dans leur lointain pays. Mais la malédiction divine s’attachera à leurs pas et les poursuivra par delà les mers et les monts… ». Vous connaissez l’histoire, qui s’achève dans Le Temple du Soleil : ce sont des adeptes intégristes du culte de l’Inca qui permettent à la prophétie de se réaliser, par des moyens qui n’ont qu’un rapport lointain avec le surnaturel…

Quoi qu’il en soit, il est toujours risqué d’exhumer une momie, et la loi condamne sévèrement la violation de sépulture. La curiosité des historiens a bon dos, qui rend licite l’ouverture de tombes réputées très anciennes. Au motif que le culte concerné a depuis longtemps perdu sa divinité. Mais une autre forme de curiosité légitime désormais l’exhumation de momies beaucoup plus récentes - ce que l’on appelle « sortir les cadavres du placard  ». Les archéologues impliqués sont, certes, attachés à une démarche d’historien bien compréhensible et assurément louable. Mais ils semblent surtout motivés par le prosélytisme : propager leur propre religion en démontrant que le momifié, encore vivant, prêchait une fausse croyance. Que son dogme était émaillé de roueries, qu’il usait d’artifices bling bling et que son âme était aussi noire que les plafonds de l’Enfer. Autant de traits qui caractérisent à peu près tous les grands-prêtres de la politique. Lutter farouchement contre ses adversaires procède du cursus normal de la vie publique. Encore faut-il que les armes utilisées ne déprécient pas la dignité des chercheurs de vérité. C’est par le recours à des moyens de procédure bien peu chrétiens que l’Inquisition a fini par discréditer ses intentions.

La recette du jour

La malédiction du pouvoir

Par un miracle des divinités électorales, vous avez vaincu votre adversaire lors du précédent scrutin. Ne vous acharnez pas sur sa dépouille. Car sous le poids de la malédiction du pouvoir, vous vous exposez à user de moyens plus déshonorants que ceux que vous lui reprochez, fussent-ils avérés.

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