TVA et matière noire

Eh bien, le mystère de la « masse manquante » n’a pas fini d’exciter la curiosité des astrophysiciens. Lesquels pensent, dans leur grande majorité, que l’Univers est constitué à environ 80% d’une matière jusqu’à ce jour inconnue. Totalement indétectable par les moyens sophistiqués de l’espionnite interstellaire. Sauf que certains chercheurs ont prétendu avoir démontré, voilà quelque temps déjà, qu’il n’y avait pas une once de cette matière noire dans un périmètre de 13.000 années-lumière autour du Soleil. Circulez, y’a rien à voir. Qui a tort, qui a raison ? Ne comptez pas sur le billettiste pour trancher le débat : il est miro comme une taupe et déjà incapable de repérer ce que la plupart des gens voient sans difficulté. Ce qui le conduit souvent à imaginer des scénarios pas nécessairement conformes à la réalité. Figurez-vous que c’est à un problème analogue que sont confrontés les magistrats de la Cour des comptes. Non, ils ont une bonne vue, eux. Ils sont en outre peu suspects de gamberge et maîtrisent parfaitement les mouvements comptables des planètes publiques. Seulement voilà : ils ont, dès l’année dernière, émis une hypothèse qui bouleverse la connaissance acquise par les prévisionnistes de l’Insee et les gnomes de Bercy : il y aurait une grosse masse de matière noire dans les comptes de la Nation.

C’est par déduction que les magistrats ont formulé cette théorie assez hardie. Car bien entendu, les comptables sont aussi impuissants que les astrophysiciens pour identifier cette matière noire, quelquefois baptisée « économie souterraine » dans les observatoires de la fiscalité. Mais les arguments de la théorie sont plutôt solides : il est observé que la collecte de TVA ne varie plus dans la même proportion que la valeur ajoutée produite, notamment celle résultant de la consommation des ménages, qui constitue la plus grosse part du PIB du pays. Les rapprochements font apparaître une masse manquante qui ne cesse de croître, validant ainsi la thèse de l’expansion de l’univers de la fraude. Va comprendre, Charles : la pression fiscale s’accroît et la collecte d’impôts diminue. A croire que dans quelques années, quand le taux de TVA aurait été porté à 50% et l’IR uniformément étalonné à 75%, le Trésor sera complètement à sec. Mais avec l’expansion de la matière noire, les contribuables seront pétés de thunes. Finalement, c’est plutôt sympa, la tyrannie fiscale.

La recette du jour

Darwin et l’impôt

Vous en avez toujours voulu à Darwin pour sa prétention insensée à vous coller des singes pour ancêtres. Ravalez vos préventions et relisez De l’origine des espèces. Vous y apprendrez peut-être à accélérer votre évolution pour vous adapter à un environnement fiscalement hostile. Darwin, ce n’est pas facile, mais ça peut rapporter gros.