Un nouveau paradoxe (...)

Un nouveau paradoxe français

Notre pays peut toujours se gargariser d’être encore dans la course du Mondial, et donc de prétendre à l’excellence sur les stades de foot. Mais dans les amphis des grandes écoles et des universités, c’est une autre paire de manches. Le dernier classement mondial en la matière a consacré la suprématie des établissements anglo-américains. Le MIT, Harvard et Cambridge continuent de truster le podium. Nos écoles prestigieuses sont absentes du Top 10 : l’ENS ne figure qu’à la 28ème place, Polytechnique à la 41ème, et Sciences Po est reléguée à la 214ème, près du radiateur. Bref, on ne sait si les rythmes scolaires en sont responsables, mais le génie français fout le camp. Et ses grandes écoles passent désormais pour des garderies. N’avouez pas à votre dentiste que vous avez fait X-Ponts : ils vous expliquera en petit nègre ce qu’est une carie. Pour s’assurer que vous avez bien compris. Si vous ne sortez pas du MIT, de Stanford ou à la rigueur de Princeton, vous serez considéré comme de la roupie de sansonnet. Déprimant.

Et pourtant. Toujours selon le cabinet britannique QS, celui qui établit le classement précité, Paris conserve son label de «  meilleure ville étudiante au monde ». Avec au firmament la Sorbonne, comme fleuron inégalé de l’université à la française. Les étudiants étrangers apprécient le parisian way of life, la modicité du coût de la vie et des études elles-mêmes (le prix moyen des inscriptions dans les grandes universités US s’élève à 34.000 $), ainsi que la « mixité » - confirmation de la réputation française dans le badinage estudiantin. Paris sera toujours Paris, c’est bien connu. Mais surtout, nos cursus de formation seraient très appréciés des employeurs. Voilà qui ne manque pas d’être paradoxal : nos grandes écoles récoltent des bananes, mais les étudiants qui en sortent sont plébiscités. Comprenne qui pourra. Telle est peut-être la meilleure explication au fait que nos jeunes diplômés s’empressent de carapater à l’étranger dès la fin de leurs études : nous formons à grand prix des élites en or massif et nous les offrons à l’œil à nos concurrents. C’est malin. Ne restent plus sur le territoire que les ressortissants de l’ENA. Non, l’ENA ne figure pas dans le classement QS – l’élevage de politiciens à la française échappe aux normes ordinaires de la rigueur scientifique. Restent également chez nous les agriculteurs franciliens, que les Parigots vont aujourd’hui détester à l’unanimité : ils n’aiment pas voir les tracteurs stationner devant la Sorbonne. On les comprend.

La recette du jour

Carrière et sacrifices

Vos parents se sont saignés pour financer vos études à Cambridge et votre doctorat à Harvard. Et pourtant, vous leur en voudrez pendant toute votre vie. De vous avoir privé du fun inoubliable qu’offrent des études à la Sorbonne. Des privations inguérissables pour mériter de devenir banquier international. Quel gâchis !

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