Galerie Eva Vautier : Ho, ho, ho, dix ans déjà !
- Par Marie Lesimple --
- le 30 décembre 2023
Paraphrasant le titre de la pièce de Beckett « Oh les beaux jours », la nouvelle exposition chez Eva Vautier signale de beaux moments encore à venir dans la galerie de la rue Vernier à Nice. L’occasion est d’importance. On fête maintenant les dix ans pendant lesquels Eva a toujours tenu le cap, papa Ben jamais très loin, présent dans les grandes et petites occasions.
La galeriste se fait peur parfois, mais avec le même sourire avenant, dans une traversée parfois orageuse, chacun sachant que tenirun tel lieu relève de l’exploit.
Eva Vautier est la fille de Ben (Benjamin Vautier) : pas étonnant que son œil soit exercé, baigné dans l’art depuis le jour où, à trois mois, elle fut signée par son père comme sculpture vivante. Défendre les artistes bien vivants de notre époque, en particulier les femmes, c’est son choix. Qu’ils soient internationalement reconnus comme Orlan, ou émergents, pour elle c’est une évidence.On ne peut pas nommer tous ceux qui participent à cette expo « Oh les dix ans », ils sont une quarantaine. Beaucoup issus de la Villa Arson, ou faisant partie du mouvement Fluxus. Pour cet événement, certains ont accouru de l’autre bout du pays. Tous, ils se sont réunis dans ce lieu incontournable de la vie artistique contemporaine niçoise, chacun accrochant une ou plusieurs œuvres, que l’on pourra voir jusqu’au 10 février.
Multiples expérimentations
Les pratiques artistiques convoquent une multitude de médiums : oeuvres multiformes, hétérogènes, métissées, photographies revisitées détournées, fantasmées interrogeant la nature ou l’espace urbain, des dispositifs associés de textes, tableaux iconoclastes, dessins minimalistes ou très travaillés, peintures de figures animalières mordantes, sculptures interrogeant le présent et le futur, installations sur le sol ou accrochées au mur. Un exemple ces petites aquarelles d’objets ordinaires d’Alain Biet : peignez votre flacon de shampoing, pour peu que vous maîtrisiez les techniques de la peinture classique, l’objet deviendra beau.
Autre exemple l’art de Benoît Barbagli, entre photos et sculpture fractale, disciplines qui convoquent une certaine technicité au service d’un sens de la beauté et d’un romantisme inversé. Humour et dérision chez le plasticien Alain Snyers qui décline dans ses dispositifs et textes des représentations décalées de l’ordinaire et du connu.
Les dessins assortis de phrases aussi absurdes que jouissives de Gérald Panighi révolutionnent le genre minimaliste. L’artiste est ingénieur, il crée et expérimente pour modifier notre vision du monde et de l’art et c’est étrange, perturbant, provoquant, drôle, pertinent…
Marie LESIMPLE