Tourisme estival : (...)

Tourisme estival : Le CRT Côte d’Azur a fait le choix de la sensibilisation

Le CRT Côte d’Azur a lancé une campagne incitant les visiteurs aux éco-gestes pendant la haute saison alors que les Alpes-Maritimes sont toujours en alerte sécheresse. Objectif : sensibiliser, sans brusquer.

Il y a d’un côté la situation toujours inquiétante des réserves en eau. Les pluies de juin ont octroyé un répit aux végétaux mais n’ont pas permis de recharger les nappes phréatiques, qui sous toujours sous la normale. « Il faut faire attention à nos ressources en eau, nous y sommes très attentifs. C’est le but de cette campagne d’éco-gestes  », a prévenu Alexandra Borchio-Fontimp, sénatrice des Alpes-Maritimes et présidente du CRT Côte d’Azur France à l’occasion d’une conférence de presse le 30 juin dernier. Et il y a de l’autre côté l’activité touristique, si importante pour bon nombre de professionnels de la Côte d’Azur, avec une dynamique à maintenir.


Un visuel de la campagne de communication pour remercier les touristes qui adoptent les éco-gestes lors de leur séjour sur le territoire maralpin ©CRT Côte d’Azur/Agence AZ

« Le tourisme a repris son rythme de croisière depuis les vacances de printemps », a indiqué Mme Borchio-Fontimp, citant des chiffres de l’Observatoire de la Côte d’Azur : un taux d’occupation de 75 % sur le littoral en mai, 80 % en juin. Le taux de réservation pour juillet était de 54 % et le CRT s’attendait à des taux d’occupation proches des 85 % pour juillet et août. Mais c’était avant les violences urbaines qui ont peut-être dissuadé certains touristes de venir sur la Côte d’Azur, et ce même si Nice et les autres villes du département ont été plutôt épargnées. Alexandra Borchio-Fontimp a donc résumé la situation en expliquant que le rôle du CRT Côte d’Azur était de «  faire rayonner notre destination en France et à l’international  » mais qu’il fallait « aussi préserver notre territoire ». « Nous recherchons une prise de conscience  », a-t-elle assuré.

« Première industrie »

La campagne est menée avec le Département, dans le cadre du Green Deal 06 et en partenariat avec l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie des Alpes-Maritimes (UMIH 06) et le Syndicat national des résidences de tourisme. Elle implique 650 hôtels et résidences de tourisme, avec des kits (flyers et accroche-portes) mis à disposition des établissements mais également des vidéos et des formats digitaux.
La campagne est bilingue  : « On vous dira toujours merci, adoptons les bons gestes » ; « We’ll always thank you, it starts with good habits ») et s’adresse aussi bien aux touristes français qu’aux nombreux touristes étrangers qui viennent des quatre coins du globe.
Pour Bruno Mercadal, directeur général de l’Hôtel Royal Riviera et qui représentait Éric Abihssira, vice-président confédéral de l’UMIH, il est important de « sensibiliser les visiteurs à l’environnement qui les accueille, sans les brusquer  ». « L’UMIH est engagée depuis longtemps dans la démarche RSE avec un plan sobriété eau, le dispositif clé verte… », a-t-il ajouté. « Il est important de passer un message fort », a assuré Stéphane Vuillaume, directeur du groupe Belles-Rives, représentant des syndicats hôteliers d’Antibes Juan-les-Pins. «  Nous devons prendre des actions pour protéger les ressources naturelles du territoire, nous devons rassurer les clients, les associer et montrer l’exemple. Il faut également penser à nos fournisseurs et à nos employés, la prise de conscience doit être globale. Ce n’est pas que du marketing il faut entrer dans le dur avec ces actions », a-t-il affirmé.
Le président du Département Charles Ange Ginésy a rappelé que le tourisme était « notre première industrie ». « C’est ce qui nous fait vivre depuis des siècles ». Il a par ailleurs salué les efforts du CRT Côte d’Azur et regretté le désengagement de la Région. « Cette campagne sur l’eau arrive à point nommé car il faut être dans l’acculturation », a-t-il relevé, ajoutant que s’il fallait des messages de prévention, il fallait aussi penser à l’accueil.

Les 5 éco-gestes à adopter
L’eau est précieuse, je ne la laisse pas couler inutilement ;
Une douche rapide est 4 fois lus économe qu’un bain ;
Une serviette peut être utilisée plusieurs fois, je la conserve ! ;
La clim n’aime pas les excès, je ne la règle pas en dessous de 20°C ;
Une pièce vide n’a pas besoin de lumière, j’éteins en sortant.

Trois questions à...

Alexandra Borchio Fontimp ©Sénat

Alexandra Borchio-Fontimp : « Valoriser le moyen et le haut pays »

Au-delà de la campagne d’éco-gestes, la présidente du CRT Côte d’Azur mise sur une double stratégie, dans l’espace et dans le temps, pour limiter les effets du surtourisme dans la région.

Cette campagne, incitative, est-elle suffisante. Ne faut-il pas aller plus loin ?
- C’est une première et une expérimentation. Je pense qu’on est le seul CRT en France à faire cette campagne, à initier ce genre de démarche dans des hôtels. Elle a été co-construite avec les syndicats hôteliers. Elle est assez douce, elle n’est pas là pour punir, pour sanctionner ou pour moraliser. Elle est juste là pour éveiller les consciences. Ce sont des gestes qui rentrent de plus en plus dans le quotidien. Nous tirerons des conséquences sur cette première édition à la fin de la saison. Nous verrons si les visiteurs réagissent et nous nous adapterons pour l’année prochaine.

Comment faire pour qu’il y ait moins de touristes l’été ?
- On sait qu’on attirera toujours massivement durant juillet et août parce qu’on a un événementiel et une météo qui favorisent l’arrivée des clientèles. On peut valoriser le moyen et le haut pays. C’est une stratégie que nous avons sur l’espace. Bien sûr que les plages de la Côte d’Azur marquent les esprits mais quand les visiteurs viennent, ils ne se contentent plus d’aller à la plage. Ils ont envie d’aller découvrir des territoires exceptionnels. Beaucoup de touristes américains prennent du plaisir en allant visiter des petits villages. Nous soutenons aussi beaucoup d’initiatives dans la montagne. Je pense à Auron, Isola ou Valberg. L’autre stratégie c’est ce qu’on appelle les « ailes » de saison, en profitant d’une météo plus clémente. Je ne vais pas vous dire que tous les visiteurs iront se baigner au mois de décembre mais il est tout à fait possible de déjeuner en terrasse, d’aller faire des balades et des visites. C’est pour cela que nous essayons de démarcher des clientèles étrangères qui aiment voyager pendant l’automne ou l’hiver. Nous soutenons l’événementiel entre octobre et février pour générer du séjour mais pas que. Le CRT Côte d’Azur France est également là pour animer tout un territoire.

Mais beaucoup de professionnels ne peuvent pas se permettre d’être ouverts toute l’année.
- En effet, des visiteurs sont mécontents quand ils viennent et que certains hôtels et restaurants sont fermés. La plupart des grands palaces ferment l’hiver car ce n’est pas assez rentable d’être ouvert. C’est pour cela que nous essayons de créer de l’événementiel pour remplir leurs terrasses de restaurant et leurs chambres d’hôtels.

Utilisation des eaux usées traitées à Nice et Cannes

La Métropole Nice Côte d’Azur vient de mettre en service une unité de réutilisation des eaux usées traitées à la station d’épuration Haliotis de Nice. L’été dernier, Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole, avait demandé à la Première ministre Élisabeth Borne la possibilité de réutiliser les eaux usées traitées pour faire face aux épisodes de sécheresse. La Métropole a obtenu l’autorisation de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) le 7 juin pour réaliser l’expérimentation d’une unité-pilote à la station Haliotis. Le président de l’Agglomération Cannes Lérins et maire de Cannes, David Lisnard, avait lui obtenu en mai l’autorisation de réutiliser les eaux usées traitées de la station Aquaviva pour le lavage des rues, l’irrigation des espaces verts et l’arrosage des terrains de sports.

Photo de Une : De gauche à droite : Bruno Mercadal, Alexandra Borchio-Fontimp, Charles Ange Ginésy et Stéphane Vuillaume. ©CRT Côte d’Azur

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