Villa Kérylos : Maria (...)

Villa Kérylos : Maria Callas, la divina diva

Née Sophia Cecelia Kalos à New York il y a un siècle, morte Maria Callas à 53 ans à Paris. Entre ces deux dates, une vie consacrée à la musique, dont à peine plus de trente ans de carrière pour devenir « La » Callas, icône vénérée par des millions d’amateurs de chant lyrique dans le monde, coqueluche de la jet set et des magazines à gros tirage. Mais aussi femme fragile et tourmentée, à l’image des héroïnes qu’elle a incarnées.

La Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer rend hommage cet été à la diva des divas dans une exposition regroupant des photos de la cantatrice mais aussi quelques objets personnels, rassemblés par un collectionneur privé.

On y découvre une paire de longs gants en cuir blanc ornée de fines perles portée sur scène et une émouvante partition de travail de La Traviata, annotée de sa main, pour se donner à elle-même des repères dans le drame de Verdi pendant ses répétitions. Quelques lettres aussi, comme celle dans laquelle la soprano Leontyne Price lui fait part de son admiration et de son amitié.

Bien sûr, le lieu de cette exposition n’a pas été choisi au hasard

La villa Kérylos est un condensé de la Grèce fantasmée, un petit coin de Côte d’Azur fréquenté par les dieux de l’Olympe. Monument national, récemment restaurée, elle est avec ses terrasses sur la Méditerranée ombragées de pins parasols, son péristyle, ses objets précieux, son mobilier de collection, l’endroit idéal pour saluer la mémoire de celle qui n’aimait rien tant que la vie et le bel canto.

Un ange sous les étoiles

Tout a été dit, le meilleur comme le pire, sur la diva assoluta, sur la « bible de l’Opéra » comme la surnommait Leonard Bernstein qui la dirigea à plusieurs reprises. On sait tout de la gamine grassouillette qui perdit jusqu’à quarante kilos (!) pour devenir un mannequin filiforme, de la tragédienne hors pair qui révolutionna l’interprétation de l’opéra, du bourreau de travail qu’elle fut. Mais aussi de ses mariages, de ses ruptures, de sa solitude. Onassis, le luxe, le monde à ses pieds, et sa retraite précoce de la scène.
Bellini, Verdi, Rossini. Norma, La Traviata ou Rosine du Barbier de Séville, Madame Butterfly et Manon Lescaut. Mais aussi Beethoven, Bizet...
Ses capacités naturelles et son acharnement lui permirent de tout chanter, ou presque, de son timbre sensuel et intense, de sa tessiture si particulière. Elle multiplia les triomphes - et leurs corollaires, des critiques acerbes, souvent injustifiées - mais si l’on ne devait se souvenir que d’une soirée éblouissante, ce serait celle du 24 août 1960 : dans le théâtre antique d’Epidaure, ange sous les étoiles, elle interpréta devant 17 000 spectateurs subjugués le rôle titre de Norma, considéré comme l’un des plus difficiles du répertoire des sopranos.

Casta diva, diva divina !

La discographie permet de retrouver les moments les plus intenses de la star. De vibrer avec Violetta à la Scala de Milan, sous la baguette de Carlo Maria Giulini et une mise en scène de Luchino Visconti (28 mai 1955). Dans le même lieu mythique, avec Bernstein au service de la musique de Cherubini, elle fut une Médée inoubliable. Elle est aussi « la » Tosca, rôle dans lequel elle fit ses adieux à la scène en 1965.
Et aussi la troublante Carmen, de Georges Bizet. Un rôle incandescent, qui ressembla à sa vie, nous rappelant opportunément que l’amour est aussi « enfant de Bohème » et n’a « jamais, jamais connu de lois » pour la diva.

Jusqu’au 3 septembre.
Photo de Une (détail) : DR (collection Roger Viollet)

deconnecte