Philip Kayne : « L'Egypte

Philip Kayne : « L’Egypte antique est une civilisation fascinante »

Samedi 5 décembre prochain, Philip Kayne, « romancier-égyptologue » antibois, présentera une nouvelle conférence à l’Hôtel Hermitage de Monte-Carlo consacrée à Nefertiti et Akhenaton. L’occasion pour les Petites Affiches de rencontrer cet auteur azuréen passionné et passionnant, un an après la parution de son dernier ouvrage.

Parlez-nous rapidement de votre future conférence.
Philip Kayne : Je vais parler de Nefertiti et Akhenaton, un couple de légende. Mon but, lors de cette séance est de présenter ces deux personnages de manière « non-conventionnelle  » je dirais, loin des stéréotypes que l’on véhicule. C’était un couple résolument moderne en politique comme dans la vie. Ils étaient égaux, l’un égale l’autre, et ça c’est tout à fait inédit pour l’époque. Je cherche à remettre les choses dans leurs contexte.

Comment est née votre passion pour l’Egypte antique ?

Philip Kayne : Au départ, ce qui me passionne ce sont les mythes et légendes de la Grèce antique. La mythologie grecque est véritablement une ouverture sur l’imaginaire mais aussi sur des aventures extraordinaires. Très jeune, cet univers m’a bouleversé. Notamment en lisant Homère et ses oeuvres « L’iliade » et « L’Odyssée », surtout « L’Odyssée », qui m’a permis de découvrir des personnages mythiques, mythologiques totalement fascinants. C’est cette oeuvre qui m’a également permis de m’orienter vers des études de grec classique et de latin. Et puis, je me suis intéressé à l’Histoire avec un grand H. À ce qui se déroulait dans cette période antique extraordinaire. Je me suis spécialisé dans l’étude des cultures moyen-orientales et plus spécialement l’Egypte, qui m’a ouvert les yeux sur une civilisation qui nous touche de très près. C’est une civilisation qui se rapproche beaucoup de la notre sur certains aspects. Par exemple, on ne le sait pas forcément, mais les égyptiens de l’époque faisaient du foie gras. Un fait qu’on penserait impensable ! Mais oui, on gavait les oies dans l’Egypte Antique.

Un personnage qui vous touche particulièrement ?
Philip Kayne  : Je me suis beaucoup intéressé à la reine Nefertiti. Un personnage dont on parle assez peu en réalité. On sait seulement qu’elle devait être très belle, sans doute, puisque son nom signifiait « la belle est venue ». Mais les connaissances à son sujet s’arrêtent là généralement, on s’extasie devant son buste exposé au Musée des Antiquités à Berlin et puis c’est tout. Alors que cette reine était un immense personnage qui a soutenu son mari Akhenaton d’une manière tout à fait remarquable. Jamais ce Pharaon n’aurait réussi à faire ce qu’il a fait sans l’aide active de son épouse. Ils étaient un tandem résolument moderne, comme on en voit aujourd’hui en politique. Aujourd’hui, on fait presque injure à Nefertiti en lui disant «  soit belle et tais-toi  ». Alors oui, c’était à n’en pas douter un femme très belle, mais c’était aussi un coeur courageux et un esprit bien fait. Nefertiti a joué un rôle politique, spirituel et artistique prépondérant. Il y a également la reine Hatshepsout, qui a été le seul Pharaon féminin de l’Histoire de l’Egypte. Le principe pharaonique était principalement masculin, et elle est devenue, non pas « pharaone » mais « pharaon ». Elle portait la barbe postiche, le pagne et la couronne, et se bandait la poitrine pour cacher sa féminité et ainsi respecter le principe masculin.

Quelle différence entre « roman historique » et « livre d’Histoire » ?
Philip Kayne : Je dirais, que pour un « roman historique », le fond est l’Histoire et la forme est le roman. Mes lecteurs disent souvent de mes livres qu’ils sont à la fois «  romanesques et profonds ». Pourquoi le roman ? Justement parce que le roman est un véhicule convivial. C’est un moyen d’expression qui permet au lecteur d’apprendre beaucoup de choses de manière ludique. Mes romans ne sont pas des livres d’histoire au sens propre mais basés sur des faits, des anecdotes, des réalités historiques.

Où trouvez-vous votre inspiration pour écrire vos romans ?
Philip Kayne : Je trouve beaucoup d’inspiration dans mes voyages. Ils sont très importants parce que finalement cela veut dire aller à la source, c’est véritablement l’action d’aller se « sourcer ». Et l’Egypte est le pays idéal pour trouver cette inspiration. C’est un pays tout à fait fascinant, où de nouvelles découvertes sont faites année après année. 2020 est également très riche en découvertes. Et puis c’est surtout le fait de s’imprégner qui fait naître l’inspiration. Un exemple, lorsque je visitais le Musée du Caire, et notamment la salle réservée à Toutânkhamon, c’était fascinant de voir ce trône en or et d’imaginer ce personnage assis dessus, un repose pied devant lui. Et voir toutes ces cannes… Toutânkhamon était un Pharaon diminué qui souffrait probablement de tuberculose osseuse- articulaire. Il boitait et utilisait une canne pour marcher. Sur certaines, je pouvais voir les traces d’usure. C’est quelque chose qui m’émeut d’abord et qui fait marcher mon imagination, et l’imaginaire sert à la création. J’ai aussi eu la chance de rencontrer plusieurs égyptologues, archéologues et historiens comme Christiane Desroches Noblecourt, Alain-Pierre Zivie ou encore Israël Finkelstein, des gens ouverts avec qui j’ai pu discuter. Ces rencontres, ces visites, tout cela me permet de nourrir mes écrits.

Quelques ouvrages sur l’Egypte antique que vous recommanderiez ?
Philip Kayne : Il y a « Ramsès II  » de Christiane Deroches-Noblecourt où elle décrit le personnage de manière tout à fait extraordinaire. C’est un livre d’histoire et non un roman en tant que tel mais c’est un ouvrage qui doit être lu à mon sens. De la même auteure, il y a aussi les tomes 1 et 2 de « Le fabuleux héritage de l’Egypte ». Je recommande également « Les secrets de l’exode », écrit par Messod et Roger Sabbah, ainsi que « Akhenaton, Roi d’Egypte  » de Cyril Aldred.

Visuel de Une (détail) DR et courtesy de l’auteur PK

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