
Edito JMC - Le ruissellement selon Musk
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 24 janvier 2025
La période actuelle donne le parfait exemple d’une ploutocratie, gouvernement mondial par les plus riches, qui est particulièrement à l’oeuvre aux États-Unis avec Donald Trump, en Russie avec Vladimir Poutine et ses amis oligarques, ainsi que dans d’autres pays où l’influence politique se confond avec les intérêts financiers personnels de quelques-uns.
S’il n’y avait que des milliards captés, la chose serait déjà assez scandaleuse. Car les hyper riches représentent 0,1 % de la population mondiale mais cumulent 13,5 % de toutes les richesses selon la très sérieuse Réserve fédérale. Le moteur de la redistribution est grippé, ce qui arrange une infime minorité. Dans les années à venir, avec un super libéral à la Maison Blanche, il ne faut sûrement pas s’attendre à un soudain « ruissellement » vertueux sur la tête des plus modestes...
Non, le vrai problème pour nos sociétés réside dans la toute puissance, sans aucun contrôle, de quelques-uns. Ils peuvent, par calcul ou par caprice, influencer la vie de centaines de millions de personnes. Comme Elon Musk, qui a presque doublé en un an sa phénoménale fortune (estimée aujourd’hui à 416 milliards de dollars). Devenu le Jiminy Cricket de Trump, dont il a financé la campagne électorale et mis à disposition la puissance de son réseau X, il intervient maintenant dans la vie politique de son pays. Il souffle ses idées ultra libérales dans l’oreille du nouveau président américain. Il s’ingère sans vergogne dans les élections de pays européens comme en Allemagne, ou au Royaume-Uni tout récemment, en foulant aux pieds les valeurs démocratiques. Il fait de façon si grossière la promotion d’une idéologie d’extrême droite au service de quelques privilégiés que l’on se demande pourquoi les ’Rednecks’ et les pauvres de l’Amérique profonde adhèrent à ce discours simpliste et contraire à leurs intérêts.
La ficelle est tellement grosse que l’on s’étonne qu’elle puisse étrangler une opinion publique qui est ultra réceptive à la « pensée » de Musk. Ses posts sur X sont autant d’oracles qui font monter ou baisser les cours des bourses mondiales. Tout cela est très dangereux et risque de mal finir. Les super puissants n’ont aucune limite. Trump ne menace-t-il pas de placer sous le drapeau US - au besoin par la force - le Groenland et le Panama ? Ne va-t-il pas jusqu’à proposer une « fusion » avec le Canada, qui ressemblerait plutôt à une acquisition ? Aujourd’hui, le problème est triple : savoir jusqu’où ira le chien dans le jeu de quilles mondial, qui l’arrêtera, et par quels moyens ? Car si l’imprévisibilité notoire du président américain est un problème, elle va aussi se heurter à la volonté (et aux intérêts !) d’autres grands démocrates comme Poutine, Xi Jinping ou Kim Jong-un...
Et nous dans tout cela ?
Englués dans une grave crise politique, à la recherche d’un gouvernement stable et d’un budget. Autant dire que l’on ne pèse pas très lourd dans le monde actuel. La promesse européenne n’a jamais été aussi fragile avec l’irruption de nouveaux gouvernants ayant entrepris de la saper de l’intérieur.
Saurons-nous, pourrons-nous réagir ?
Jean-Michel CHEVALIER