À Issoudun, le charme balzacien des petites villes provinciales sert d’écrin à l’art contemporain. Inattendu !
- Par Marie Lesimple --
- le 27 avril 2024
Qu’y a-t-il à voir dans le Berry au-delà d’une campagne ravissante qui n’a que peu changé depuis George Sand ?
Une visite dans cette province où, d’après la légende, des sorciers se cachent dans les forêts profondes, est plus souvent due au hasard d’une traversée de la France - entre la Suisse et l’océan, entre le midi et la Bretagne – qu’une destination proposée par les tours opérateurs. Alors la route vous conduira peut-être dans la petite ville d’Issoudun, au cœur de la Beauce berrichonne, qui a conservé un petit air balzacien, c’est là tout son charme. Le célèbre écrivain y séjourna à trois reprises et s’imprégna de son atmosphère pour situer une partie de son roman « La Rabouilleuse ». En traversant les rues bordées de demeures bourgeoises, en passant devant « La Cognette », on ne peine pas à faire un retour vers le passé et à retrouver l’ambiance de l’époque.
Issoudun abrite le remarquable musée des Hospices Saint Roch. À lui seul, et sans faire offense à Balzac, il « mérite un détour » selon la formule des guides touristiques, même pour les voyageurs pressés. Cette institution culturelle au rayonnement inattendu pour une si petite cité, dispose de riches collections : des découvertes préhistoriques et l’art du Moyen Âge sont présentés dans les bâtiments historiques des hospices. Ses jardins, au milieu desquels coule une rivière, sont peuplés de sculptures contemporaines qui se renouvellent au fil des saisons.
Cet ensemble est complété par une aile moderne de béton et de verre qui présente des expositions d’art contemporain. Dans l’aile consacrée aux œuvres des XX et XXIe siècles, on découvrira une importante collection de gravures, notamment celles de Fred Deux et de Cécile Reims.
Elle abrite aussi la reconstitution d’un salon style Art nouveau assemblé par Léonor Fini… et des collections ethnographiques de Papouasie-Nouvelle Guinée. On y a vu dernièrement des expositions de Pierre Wemaëre, du mouvement cobra et abstraction lyrique, de Marinette Cueco, pionnière du land art et sculptrice végétale, de Gérard Garouste, Jan Voss. Et l’an passé, l’œuvre gravée de Zao Wou Ki, avec 353 estampes et 27 livres de bibliophilie qui firent l’objet d’un don au musée.
Détournement graphique
Actuellement se tient jusqu’à fin mai une exposition de l’œuvre de Jean Zuber. Une belle découverte que celle de cette personnalité dont on fait, à partir d’une réunion de grands formats et de carnets de dessins, un portrait aussi cohérent que complet.
Cet artiste suisse récemment décédé détourne les éléments graphiques et les notions d’espace dans une peinture épurée, abstraite, vibratoire, méditative, composée de motifs géométriques, d’idéogrammes, de signes, de symboles, dans une inspiration puisée dans les rituels et objets de cultures extra-occidentales, ainsi que dans ses questionnements sur l’écologie.
Jusqu’à la fin 2024 sont également accrochées 46 œuvres originales d’Henri
Michaux. Elles ont été achetées à la galerie Chave, bien connue à Vence, et à l’atelier Pons, autre graveur majeur du XXe siècle. Cette exposition qui célèbre le quarantième anniversaire de sa disparition et le centenaire du mouvement surréaliste se tient dans le cadre du Printemps du Dessin, manifestation se déployant sur tout le territoire.
Marie LESIMPLE