Tarifs EDF : le courant

Tarifs EDF : le courant ne passe plus

Alors que le gouvernement a plafonné à +4 % pour encore quelques mois la hausse des tarifs d’électricité pour les particuliers, les syndicats de EDF considèrent que cette mesure fragilise leur entreprise confrontée à l’augmentation vertigineuse des prix de l’énergie. Ils vont donc contester devant la Justice la décision gouvernementale d’augmenter de 20% le quota annuel d’électricité vendu à prix réduit par l’opérateur. Ils dénoncent aussi une opération électorale à quelques semaines seulement des présidentielles et des législatives.

Ils ont déjà fait grève le 26 janvier, mouvement suivi par 40 % des personnels, et entendent maintenant poursuivre leur lutte contre la libéralisation des tarifs de l’énergie qui n’arrive pas « à offrir un coût décent pour ce bien de première nécessité » selon le communiqué de l’intersyndicale (FNME-CGT, la CFE-CGC, la CFDT Chimie Énergie et FO Énergie et Mines).

Dans le cadre de l’accès régulé à l’électricité nucléaire, EDF doit en effet vendre de l’électricité « à prix cassé » à ses concurrents. Avec l’écrêtement à 4 % des tarifs, cela entraînera donc en 2022 une perte de 8 milliards d’euros pour le producteur tricolore selon des estimations encore à affiner.

Depuis 2010 en effet, EDF doit céder à ses concurrents à prix coûtant un quart de sa production d’électricité nucléaire. L’électricien français, dont l’État est le premier actionnaire, vend donc une quarantaine d’euros le mégawatt heure alors que celui-ci se négocie maintenant à plus de 200 euros sur les marchés. On comprend mieux pourquoi rajouter encore 20 % d’électricité à prix bradé ne passe vraiment pas dans l’entreprise.

De son côté, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire souligne le «  caractère exceptionnel  » de cette mesure alors que le domaine de l’énergie est traversé par une crise «  la plus grave depuis plusieurs décennies  » et comparable selon lui au choc pétrolier de 1973. Il dit avoir agi pour protéger le consommateur et éviter une crise sociale liée au pouvoir d’achat.

Alors que le mouvement de protestation dans l’entreprise a été très suivi, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Levy, a écrit en personne aux cadres du groupe pour parler du choc ressenti lors de l’annonce de blocage des tarifs par le gouvernement. Au risque de péter les plombs, il a annoncé qu’il prendra toute mesure utile pour la sauvegarde de l’électricien historique…

Visuel de Une : illustration DR

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