Vitesse : le 90 km/h (...)

Vitesse : le 90 km/h sera complètement dépassé le 1er juillet

Dès le premier week-end des vacances d’été, il faudra rouler à 80 km/h maxi sur les routes "à double sens sans séparateur central". Une mesure qui divise.

40 années de combat

Limitations de vitesse, port obligatoire de la ceinture à l’avant et à l’arrière des véhicules, airbags, contrôle technique, dépistage d’imprégnation alcoolique et de stupéfiant, aménagement des infrastructures... : la lutte contre l’insécurité routière n’a pas cessé depuis une quarantaine d’années.
Avec des résultats probants puisqu’on est est passé de 18 000 décès par an (!) en 1972 à 3 500 en 2016.

Mesure impopulaire

C’est encore trop, bien sûr. En imposant à partir du 1er juillet une limitation
à 80 km/h sur les routes à double sens dépourvues de séparateur central, le Premier ministre a accepté "d’assumer l’impopularité de cette mesure".
Techniquement, c’est simple : une modification de l’article R413-2 de la partie réglementaire du Code de la route. Et le changement de dizaines de milliers de panneaux "90"...

Un gain, vraiment ?

Cet abaissement de la vitesse autorisée a été annoncé à l’issue du comité interministériel de la sécurité routière du 9 janvier 2018. Il a aussitôt provoqué une vague de protestations chez les automobilistes qui voient davantage dans cette mesure une façon de faire crépiter les radars que de gagner réellement en sécurité. D’autant que les résultats d’une expérience 80km/h réalisée sur trois tronçons n’ont pas été dévoilés, sans doute parce qu’ils n’étaient guère probants...

Décret

Les conducteurs qui espèrent que le Parlement freinera des quatre fers en seront pour leurs frais : un décret ministériel suffit. Il n’y aura pas de discussion, ni d’allers-retours entre l’Assemblée et le Sénat : le 1er juillet, surveillez votre compteur ou connectez votre limitateur de vitesse...

La fronde des Départements

La fronde s’est installée parmi les Conseils départementaux, qui d’ailleurs n’ont pas été consultés. Ils estiment qu’une application uniforme de cette mesure à tout le territoire n’est pas opportune, faisant valoir que les conditions de circulation sont différentes entre les routes rectilignes des Landes ou de la Beauce, et les routes sinueuses de la Creuse... Ils en appellent au bon sens, à des réductions de vitesse ciblées. En vain. Ils parlent aussi de "fracture" entre la province, première concernée, et la région parisienne où il est "facile" de rouler à 80 en raison des engorgements.

La sortie de route des sénateurs

Alors qu’une trentaine de Départements sont opposés aux 80 km/h, un sondage BVA La Dépêche (09/05) montre par exemple que 80% des conducteurs d’Occitanie n’en veulent pas. Les sénateurs non plus, mais ils n’ont pas été entendus : le gouvernement n’a pas attendu les résultats de leur mission d’études pour confirmer l’application au 1er juillet.

Macron assume aussi

Pour couper court à tout flottement, Jupiter en personne s’est prononcé pour les 80 km/h, apportant son soutien à son Premier ministre taquiné sur le sujet par Les Républicains qui ont lancé une pétition assez opportune, et même par des députés de la majorité qui se font remonter les bretelles dans leurs circonscriptions par des mécontents.

Pari

Plus d’un accident mortel sur deux se produit sur les 400 000 kilomètres
du réseau secondaire. Un bilan des 80 km/h sera dressé à l’été 2020 et si après deux années de test les résultats ne sont pas au rendez-vous, la mesure sera abandonnée promet l’exécutif. Si tel est le cas, il n’y aura plus alors qu’à "replanter" les panneaux à 90, mais on est d’ores et déjà prêt à parier qu’il n’y aura pas de retour en arrière...

Photo de Une (DR JM.C)

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