Expositions : Objectif Tintin !

« Mille milliards de mille sabords ! » Il ne faut surtout pas manquer à Nice les deux expositions consacrées à Tintin, l’une à la galerie Lympia, et l’autre au musée des Arts asiatiques. Un événement pour tous les garnements de 7 à 77 ans qui continuent à rêver aux aventures indémodables du reporter à la houppe blonde et des personnages pittoresques sortis de l’imagination du dessinateur belge Hergé.

Georges Remi alias Hergé à l’espace Lympia ©V.N

Dans les deux lieux d’exposition, on découvrira comment les albums de Tintin sont devenus « une œuvre » à part entière, dont l’intérêt va bien au-delà du graphisme, des couleurs et des histoires racontées.
Photographe, rédacteur en chef, illustrateur de cartes, romans, publicités, journaux, Georges Remi (1907 - 1983) de son vrai nom était un infatigable travailleur. Un maniaque du trait parfait, de l’équilibre, qui sa vie durant a peaufiné ses dessins pour leur assurer une parfaite lisibilité.
Sont exposés à Nice quantité de documents de travail d’Hergé : on y voit des feuilles remplies de crayonnés où il se fait la main sur des expressions de visages, sur des situations. Il découpe en cases et rythme les histoires, jusqu’au dessin final, en noir et blanc. Pour lui, pour que « cela fonctionne  », la précision est une obligation. Il se documente sur les lieux et les mœurs (Tibet, Chine etc.). Quand cette préparation rigoureuse s’ajoute à la fantaisie et à l’humour, on ne peut rester insensible au charme dégagé qui traverse les époques.

Au musée des Arts asiatiques c’est Tchang l’ami d’Hergé qui est au centre des attentions ©JMC

Les deux expositions niçoises sont surtout orientées sur Tchang, personnage bien réel, ami du dessinateur, entré dans « Le Lotus bleu » et la grande histoire des albums. La rencontre entre les deux hommes eut lieu en 1936 à Bruxelles. Le jeune Chinois a ouvert les yeux - et le cœur d’Hergé - sur les autres civilisations, lui permettant « de découvrir un monde nouveau » et de lutter contre les préjugés occidentaux. Après s’être perdus de vue, ils se retrouveront un demi-siècle plus tard, dans la « vraie » vie. Dans « Le Lotus bleu », l’humour cède la place à l’émotion. Ensuite, Hergé va « axer plus systématiquement ses récits sur la dénonciation de la guerre, des trafics en tous genres et de la manipulation des peuples  ».

Hergé devant une statue représentant Tintin. Au centre, la statuette de “L’Oreille cassée”. À droite, croquis préparatoire à une planche ©JMC

Les Tintinophiles regretteront sans doute que le plus modeste strapontin n’ait été accordé dans ces expositions aux personnages entourant habituellement Tintin : le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, les Dupont-Dupond, la Castafiore... « Ectoplasme à roulettes, hurluberlu, anacoluthe !  ». Et je dirais même plus : « Tonnerre de Brest ! »
Deux expos trois étoiles.