Budget 2025 : Une censure qui inquiète les secteurs économiques… et fait trembler les territoires
- Par François-Xavier CIAIS --
- le 3 décembre 2024
Si une motion de censure venait à faire chuter le gouvernement Barnier, le scénario d’une reconduction du budget 2024 deviendrait inévitable. Ce cadre budgétaire, conçu dans un contexte différent, aurait des répercussions variées selon les secteurs économiques, mais aussi des conséquences lourdes pour les territoires, notamment les Alpes-Maritimes et le Var. Tour d’horizon.
Les perdants
Immobilier : des mesures attendues en suspens
Le secteur immobilier, en difficulté, serait particulièrement touché. Le budget 2025 incluait l’élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) à tout le territoire, un levier pour soutenir les primo-accédants dans un marché morose. De même, les exemptions de droits de mutation et les fonds alloués à la rénovation énergétique, via MaPrimeRénov’, risquent de ne pas voir le jour, privant le marché d’un souffle attendu.
Agriculture : un soutien fragilisé
Les aides aux agriculteurs, indispensables pour de nombreux exploitants, risquent d’être suspendues. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a exprimé son inquiétude : « L’efficacité d’un gouvernement passe par sa capacité à agir. Nous avons besoin de stabilité. » Plusieurs mesures adoptées précédemment, comme l’amélioration des pensions de retraite agricoles ou le soutien aux jeunes agriculteurs, sont intégrées au budget 2025, mais elles resteraient bloquées sans vote.
Les aides de trésorerie promises après des récoltes 2024 décevantes pourraient également être compromises. Des prêts à court et moyen terme, garantis à 50 % par l’État, étaient prévus avant la fin de l’année. Leur mise en œuvre deviendrait improbable en cas de rejet du budget.
Défense : un coup d’arrêt préoccupant
Le ministère des Armées pourrait être l’un des grands perdants. Alors que le budget 2025 prévoyait une augmentation significative des ressources allouées à la défense, un retour au budget 2024 mettrait fin à cette dynamique. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a alerté sur les conséquences : impossibilité de recruter, gel des revalorisations salariales et suspension des commandes aux industriels du secteur.
Des inquiétudes similaires s’expriment pour les ministères de l’Intérieur et de la Justice, qui espéraient des hausses budgétaires permettant de recruter des juges, greffiers et policiers.
Les gagnants
Jeux en ligne : une menace écartée
Les opérateurs de paris sportifs et de poker en ligne échappent temporairement à une hausse de leur fiscalité, qui menaçait leur modèle économique. L’augmentation du prélèvement sur le produit brut des jeux, prévue dans le budget de la Sécurité sociale, serait annulée. Une décision salvatrice pour un secteur déjà sous pression.
Transport aérien et maritime : une fiscalité en sursis
Le rejet du budget serait une bouffée d’air pour les transporteurs aériens et maritimes. La suppression des surtaxes prévues, telles que la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion et la contribution exceptionnelle pour les grandes entreprises maritimes, représenterait un soulagement. Ces mesures, vivement critiquées par les professionnels, resteraient lettre morte.
Industrie pharmaceutique : une respiration temporaire
Les laboratoires pharmaceutiques verraient la pression diminuer. Le dépassement des dépenses de médicaments en 2024 avait déjà pesé lourdement sur leurs finances, et le budget 2025 prévoyait des ajustements supplémentaires via la clause de sauvegarde. Si le budget tombe, ces mesures seraient reportées, laissant aux industriels un répit bienvenu.
Mutuelles et assurances : des charges évitées
Les complémentaires santé auraient été mises à contribution avec une augmentation de leur part dans les remboursements médicaux et les indemnités journalières. Ces transferts de charges, prévus pour 2025, disparaîtraient également, évitant une hausse des tarifs des assurances santé.
Un équilibre instable
Si certains secteurs peuvent tirer profit d’une éventuelle reconduction du budget 2024, la plupart des acteurs économiques s’inquiètent de l’incertitude et des perturbations qu’elle engendrerait. La situation reflète un climat politique tendu, avec des répercussions potentielles sur l’économie à court et moyen terme.
En outre, la reconduction automatique du budget 2024, consécutive à une éventuelle censure du gouvernement Barnier, aurait des répercussions notables sur les départements des Alpes-Maritimes et du Var.
Alpes-Maritimes : un manque à gagner significatif
Le Département des Alpes-Maritimes a récemment adopté un budget primitif de 1,69 milliard d’euros pour 2024, marqué par des choix budgétaires délicats en raison de contraintes financières accrues. La baisse des transactions immobilières, due à la hausse des taux d’intérêt et à l’inflation, a entraîné une diminution des recettes provenant des droits de mutation, avec un manque à gagner estimé à 150 millions d’euros.
Par ailleurs, les dépenses sociales, notamment liées à l’accompagnement des mineurs isolés, pèsent lourdement sur le budget départemental, avec un coût de 28 millions d’euros. Le président du conseil départemental, Charles Ange Ginésy, a exprimé ses préoccupations quant à l’impact des décisions de l’État sur les finances locales, soulignant la nécessité d’une gestion budgétaire rigoureuse pour maintenir l’équilibre financier.
Var : des coupes budgétaires préoccupantes
Le Département du Var fait face à une réduction significative des dotations de l’État, avec une coupe de 25,4 millions d’euros prévue. Cette diminution des ressources publiques pourrait affecter la capacité du département à financer ses projets et services publics, notamment dans les domaines des infrastructures, de l’éducation et des services sociaux.
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : des investissements en question
Au niveau régional, le budget 2024 de la Région Sud s’élève à 3,2 milliards d’euros, en hausse de 13,4 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation vise à financer des projets majeurs dans les transports, les lycées et l’aménagement du territoire. Toutefois, les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement pourraient remettre en question ces investissements, impactant ainsi le développement régional et les services offerts aux habitants des Alpes-Maritimes et du Var.
La reconduction du budget 2024, sans ajustements pour 2025, pourrait exacerber les défis financiers auxquels sont confrontés les départements des Alpes-Maritimes et du Var, limitant leur capacité à répondre aux besoins de leurs populations et à mener à bien leurs projets de développement.