10 novembre 2017
Le Syndicat de la Magistrature organise son congrès annuel sur le Campus St Jean d’Angély à Nice le 24 novembre et propose un colloque sur le thème : "la frontière, quelles limites ?".
La frontière du géographe n’est pas celle du juriste, ni celle du voyageur. Tantôt obstacle, tantôt protection, elle est lieu d’exercice de la souveraineté de l’Etat, mais aussi lieu de passage. Abolie pour certain.e.s, infranchissable pour d’autres, les inégalités qu’elle révèle et génère sont, selon les points de vue, insupportables, inévitables, voire les deux à la fois.
Aujourd’hui, le débat sur la frontière se focalise sur la migration et son évocation est alors inéluctablement liée à la question de l’accueil des étranger.e.s fuyant la misère, éclipsant tout autre point d’entrée sur le sujet. Alors que la mondialisation de nos sociétés pouvait laisser penser que la frontière était une notion obsolète, elle a ressurgi dans les débats publics ou privés.
Le caractère récent, dans l’histoire de France, de la détermination de la frontière franco-italienne illustre d’ailleurs bien la dimension mobile de cet espace, loin de l’idée d’intangibilité souvent véhiculée.
L’avènement de l’Union européenne initie un rapport nouveau mais ambivalent à la frontière : derrière l’affirmation de l’ouverture à Schengen, les frontières sont vites rétablies. Elles ne cessent de s’ériger, se matérialiser dans du contrôle, se murer, parfois en se déplaçant. Elles sont franchies illégalement, mais l’Etat lui aussi y transgresse les règles sur l’asile et sur l’accueil des mineur.e.s, les reconduisant à la frontière au mépris de leurs droits. Elle est aussi le lieu d’action de ces « délinquant.e.s solidaires » que la justice s’applique à punir alors que, palliant les défaillances de l’Etat, ils aident et accueillent celles et ceux qui arrivent à leur porte.
Faisant l’hypothèse que nous assistons à une reconfiguration de la frontière, le Syndicat de la magistrature a choisi d’étudier la polysémie du concept de frontière. Puis c’est la frontière comme lieu de transgression et surtout comme lieu transgressé qui sera interrogée : certes il y a ceux qui la traversent illégalement, exploités par des passeurs ou aidés par des citoyen.ne.s sensibles à leur détresse, mais il y a aussi l’Etat qui cherche à l’externaliser et à l’invisibiliser, instaurant une territorialité à géométrie variable. L’ambition de ce colloque est de poser la question du respect des droits fondamentaux de celles et ceux qui passent ces frontières, et au delà, de penser le droit sans la frontière.
– 14h30 – 16h30
La frontière. Intangible ? Tentative de définitions
– Stéphane Kronenberger
Historien, laboratoire Telemme, Université Aix-Marseille
– Morgane Dujmovic
Géographe, laboratoire Telemme, Université Aix-Marseille
– Damien Simonneau
Chercheur en sciences politiques, Université Saint Louis Bruxelles
– 16h45 – 18h45
La frontière, lieu transgressé ou lieu de transgressions : l’Etat à ses limites.
– Mireille Damiano
Avocate, Syndicat des avocats de France
– Solenne Lecomte
Juriste, la Cabane juridique à Calais
– Claire Rodier
Juriste, Gisti, cofondatrice du réseau Migreurop
L’inscription gratuite est ouverte en ligne à l’adresse suivante : colloquefrontiè[email protected]