Impact des politiques d’exclusion sectorielle sur la rentabilité des portefeuilles d’assurance


Paroles d’expert


20 mars 2025

Ces politiques visent à concilier durabilité et performance financière tout en transformant les pratiques d’investissement

Face à l’urgence climatique, les assureurs français adoptent des politiques d’exclusion sectorielle fondées sur des critères ESG(1). Ces politiques, à la fois volontaires et encadrées par la réglementation, visent à concilier durabilité et performance financière tout en transformant les pratiques d’investissement(2).


Par Anthony Simonoski,
Étudiant M2 Juriste d’Affaires Université-Nice-Côte-d’Azur
Membre de l’ANEJA
Cycle "Droit des assurances approfondi - L’influence des nouvelles réglementations RSE sur l’assurance"


En 2021, les assureurs ont réduit leur exposition aux énergies fossiles, notamment le charbon (14 milliards d’euros, -15 %) ainsi que le pétrole et le gaz (27 milliards d’euros, -4 %)(3). Ces exclusions s’accompagnent d’une réallocation massive vers des investissements responsables, avec 141 milliards d’euros alloués aux énergies renouvelables et fonds verts, en hausse de 22,5 %. Les unités de compte responsables, vertes et solidaires ont également progressé de 37 %, représentant désormais 128 milliards d’euros d’actifs(4).

Si ces stratégies marquent une transition vers une économie bas-carbone, elles posent des défis importants.

Les secteurs fossiles, historiquement rentables mais volatils, offraient des rendements élevés.
Les investissements verts, bien qu’alignés avec les objectifs climatiques, restent soumis à des
aléas liés à leur stade de développement. À court terme, ces exclusions sectorielles peuvent donc entraîner une pression sur la rentabilité des portefeuilles, même si elles renforcent leur résilience face aux risques climatiques à long terme(5).
Les assureurs doivent également relever le défi d’une gouvernance stricte. Ils s’appuient sur des processus rigoureux de suivi des controverses et d’intégration des critères ESG avec leurs gestionnaires d’actifs pour garantir une cohérence entre leurs engagements et la performance des portefeuilles(6).
Toutefois, cette transition pose la question de la capacité réelle des investissements verts à compenser à la fois les pertes financières immédiates et l’impact environnemental des secteurs exclus. Ces politiques illustrent une tension entre rentabilité à court terme et vision durable, essentielle pour répondre aux enjeux climatiques globaux.

Lire aussi : Comment inclure les assurés dans une démarche d’assurance durable : la décarbonation du portefeuille clients des assureurs

Références
1 Environnement, Social et Gouvernance
2 France Assureurs, Guide de bonnes pratiques des assureurs – Politiques d’engagement et d’exclusion ESG
3 France Assureurs, Chiffres clés 2021 – Finance durable
4 Ibid.
5 Boston Consulting Group. (2023). Report on oil and gas TSR in volatile times.
6 France Assureurs, op. cit., note 2


Anthony Simonoski