11 avril 2025
« On n’est à l’abri nulle part » nous raconte JMC cette semaine !
À son habitude, Donald Trump n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en taxant à des hauteurs variables les produits de 200 pays entrant aux États-Unis. Assez curieusement – quoique... – la Russie s’en tire plutôt bien. De même que Cuba, la Corée du Nord et l’Iran, quand des alliés aussi fidèles qu’anciens comme le Japon et l’Europe se font étriller au même titre que la Chine, principal concurrent économique de l’Oncle Sam. Plus que des experts financiers, il faudrait des psychanalystes pour comprendre la logique prévalant dans cette guerre économique. Comme tous les conflits, elle fera des victimes, y compris et peut-être surtout aux États-Unis, où la ménagère va constater rapidement une hausse du prix de son panier, quand le retraité du Texas et de l’Arizona pleure déjà sur le montant de sa pension de retraite par capitalisation placée en Bourse...
« On n’est à l’abri nulle part », a résumé le Premier ministre australien pour qualifier les taxes qui concernent aussi des territoires antarctiques isolés et (au mieux) peuplés de quelques pêcheurs et de pingouins. Comme Norfolk, un caillou de 2 000 âmes seulement, qui se retrouve frappé de 29 % de droits de douane, soit 19 points de plus que le reste de l’Australie à laquelle il appartient. Pour nous autres Français, Saint-Pierre-et-Miquelon va ‘bénéficier’ de 50 % de taxe (!) quand la mère patrie en hérite de 20 % ‘seulement’. Pour l’instant, le comté de Nice n’est pas encore visé par l’administration américaine, mais comme « on n’est à l’abri nulle part »…
On ne reviendra pas ici sur les virages sur l’aile de Marine Le Pen. Elle ne cesse de réclamer de la justice toujours plus de sévérité, des peines plancher, et a même jadis demandé une inéligibilité « à vie » pour les élus reconnus coupables de turpitudes... quand cela ne la concerne pas, évidemment. Avec sa condamnation pour détournement de fonds publics, elle se retrouve donc aujourd’hui dans la position de l’arroseuse arrosée. Ses anciennes déclarations télévisées lors desquelles elle pourfend le « système » porteraient à sourire si elle ne développait un discours laissant à penser qu’elle est la victime d’un procès politique par des juges aux ordres. Ses arguments pour se disculper peuvent convaincre au Café du commerce mais ne sauraient abuser... la cheffe du RN elle-même, qui est, rappelons-le, avocate de formation, et qui sait aussi bien que quiconque comment fonctionne la machine judiciaire.
Cela dit, bien sûr qu’une condamnation avec un effet immédiat d’inéligibilité pose problème en télescopant droit et démocratie. « La République des juges » est aussitôt dressée comme une menace quand, précisément, la justice applique le droit, seulement le droit et tout le droit voté par la représentation nationale. Le plus modeste des justiciables doit attendre deux ou trois ans pour voir son appel arriver devant le tribunal, mais fort opportunément le TA de Paris doit enrôler ce dossier Le Pen dès 2026. On ne parlera pas de tour de faveur ou de privilège, mais la contorsion du calendrier était obligatoire pour enlever toute suspicion de la volonté d’écarter la candidate pour la consultation de 2027.
Il appartiendra donc aux magistrats d’appel de juger pour confirmer ou pas le jugement de premier ressort, avec les conséquences politiques qui s’en suivent. Ces dernières ne devraient pas entrer dans l’équation. Si les peines sont confirmées, les fameux « onze millions d’électeurs » du RN y verront la confirmation d’un complot contre leur championne. Si le jugement est retoqué, c’est que la justice aura fait tout aussi sereinement son travail.