Hugues Moutouh, un préfet « bulldozer » constructif


Politique


30 avril 2025

Hugues Moutouh a fait ses adieux officiels le 24 avril lors d’une cérémonie au palais des Rois Sardes à Nice

L’ancien préfet des Alpes-Maritimes a laissé de côté les déclarations fracassantes, tentant en peu de temps (un an et demi) de répondre à un maximum de problématiques.

Il avait conscience dès le départ qu’il ne resterait peut-être pas longtemps dans ce département. «  Je ne sais pas pour combien de temps je suis ici, on a très peu de temps pour impulser », confiait-il à la presse en octobre 2023, quelques jours après son arrivée. Il ne rejetait pas alors sa réputation de bulldozer, acquise dans l’Hérault («  Parce que quand j’arrive, je m’empare des sujets et je ne lâche pas, je vais jusqu’au bout  »). Mais force est de constater qu’il s’est surtout appliqué dans les Alpes-Maritimes à faire respecter la loi, comme il l’a souvent répété, en essayant d’embrasser toute la dimension du poste. Il a ciblé l’immigration illégale et le narcotrafic mais aussi la préservation des terres agricoles et de la ressource en eau (avec un Dire de l’État qui a beaucoup fait parler) dans un département, qui, on l’a oublié depuis les nombreux épisodes pluvieux de 2024 et 2025, a connu des sécheresses importantes en 2022 et 2023. S’il n’a pas plu à tout le monde (le maire de Nice et président de la Métropole Christian Estrosi lui a notamment reproché de ne pas en avoir fait assez en matière de sécurité) il laisse derrière lui de nombreux élus satisfaits et des acteurs économiques qui ont apprécié son écoute attentive. La sénatrice Dominique Estrosi-Sassone a ainsi mis en avant, sur les réseaux sociaux, « un Préfet régalien qui a inscrit ses 17 mois de fonction dans les Alpes-Maritimes dans l’action et dans la proximité ». Le député Éric Ciotti lui est reconnaissant d’avoir « restauré l’autorité de l’État à Nice  ».

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« Certaines années comptent double »

Dans un post Facebook, le maire de Grasse Jérôme Viaud a relevé, lui aussi, «  l’action déterminée » de l’ancien préfet, notamment dans la lutte contre l’immigration clandestine et contre les trafics de stupéfiants qui fragilisent nos territoires. (…) Au-delà des grands enjeux régaliens, j’ai également apprécié sa manière d’être proche des élus locaux, avec un souci constant de considérer chaque commune, quelle que soit sa taille. Les nombreux déplacements qu’il a effectués dans le département en sont la preuve ». Sur X, le maire de Saint-Laurent-du-Var Joseph Segura a salué « un grand serviteur de l’État, un homme d’action toujours à l’écoute des élus de proximité ». Pour le maire de Breil-sur-Roya Sébastien Olharan, « même s’il n’est resté que 18 mois », Hugues Moutouh « a fait avancer considérablement des dossiers essentiels pour Breil-sur-Roya et la vallée de la Roya ». Mylène Agnelli, maire d’Isola, a elle aussi apprécié travailler avec le nouveau secrétaire général du ministère de l’Intérieur (depuis le 28 avril), relevant « son écoute, sa rigueur et son pragmatisme ». L’UPE 06, qui avait dès le début vu d’un bon œil le passé de chef d’entreprise d’Hugues Moutouh, l’avait remercié dès le 10 avril « pour son écoute et la qualité des échanges que nous avons pu avoir tout au long de sa mission sur notre territoire ». Lors de la cérémonie officielle pour son départ, le 24 avril, l’intéressé a estimé que les Alpes-Maritimes avaient besoin d’un préfet « patriote  » mais «  aussi et surtout, d’un préfet qui exerce pleinement et souverainement ses missions de représentant  ». Ajoutant, avec un peu de provocation : « En somme, un préfet non déconstruit si j’ose dire  ». Sur son passage, il reconnaît «  évidemment  » que « 18 mois, c’est court ». «  C’est court me direz-vous mais je répondrai que dans les Alpes-Maritimes certaines années comptent double, surtout à l’approche de certaines échéances électorales. »

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Laurent Hottiaux, nouveau préfet

Hugues Moutouh ne connaissait pas le nom de son successeur quand il a fait ses adieux officiels. Laurent Hottiaux, préfet des Hauts-de-Seine de 2020 à 2024 et conseiller pour les affaires intérieures et la sécurité au cabinet d’Emmanuel Macron au début de son premier mandat de président, a été nommé le 28 avril. Diplômé de Sciences Po, de l’ESSEC et de l’ENA, Laurent Hottiaux, qui aura 52 ans dans un mois, a également travaillé auprès de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, de l’Energie, du Développement durable et de la mer, en 2010, et en tant que directeur de cabinet du ministre de la Ville, Maurice Leroy, en 2011.


Sébastien Guiné