16 mai 2025
La famille Mario ne se conforme pas à des pratiques qui sont dans l’air du temps.
L’entreprise bientôt centenaire relève les défis écologiques depuis plusieurs années. Son engagement lui a permis de décrocher en 2024 le label « RSE niveau exemplaire ».
La famille Mario, aux commandes de la PME depuis quatre générations, ne se conforme pas à des pratiques qui sont dans l’air du temps. Elle anticipe depuis bien longtemps une mutation qui lui permet d’être un très bon élève en matière de développement durable, accentuant même sa volonté de décarboner avec l’acquisition d’une centrale à béton bas carbone. « Notre grand-père maternel était ingénieur à l’Office national des forêts, il nous a initiés au respect de l’environnement, de la nature. Tout petits, nous avons été habitués à trier les déchets. On a plus qu’un vernis écologique, on a grandi avec une conscience écologique. » Pierre Mario évoque cette histoire familiale qui a assez logiquement influencé les choix faits par l’entreprise. « Dans les années 90, on ne parlait pas encore d’économie circulaire ni de développement durable, mais à Valtinée on en faisait déjà avec la mise en place d’une plateforme pour stocker, trier et réutiliser les différents matériaux qui peuvent l’être. On recyclait les matériaux issus du terrassement. »
« En 2023, il a fallu changer la centrale à béton. C’est un outil dans lequel on investit pour les 20 prochaines années, on a donc souhaité se mettre en ordre de bataille et avoir une centrale la plus vertueuse possible, la plus souple pour affronter les besoins du futur et pouvoir utiliser les matériaux divers et variés issus du recyclage », explique Pierre Mario. « Le principe d’une centrale à béton faisant des bétons bas carbone est simple : une partie du clinker (matériau issu du calcaire et de l’argile cuits qui nécessite d’atteindre 1 450 °C, ce qui explique la forte consommation énergétique et les importantes émissions de gaz à effet de serre, NDLR) a été remplacée par des matériaux alternatifs issus du recyclage et donc moins impactants. Dans le même temps, on a fait l’acquisition d’une recycleuse et d’un filtre-presse qui nous permettent d’utiliser les eaux brutes issues du lavage de nos toupies. On refabrique du béton frais avec ces eaux-là. Cela permet d’économiser près de 80 % de l’eau (+/- 140 litres d’eau en moins par mètre cube). Grâce à la recycleuse, on récupère aussi un certain nombre de matériaux présents dans l’eau, comme le sable et le gravier qui sont réemployés, ou bien les plus fins qui sont stockés sous forme de galettes et revalorisables en cimenteries. »
Pour garantir le bon fonctionnement de ce nouvel outil, l’ingénieure QSE (Qualité, Santé, Environnement) Charlotte Fabron mesure sa consommation (eau et énergie) et réfléchit avec d’autres employés de l’entreprise à la façon la plus efficace de décarboner, sans que cela n’impacte l’équilibre financier de la société. « On s’est fixé le devoir d’être dans cet écosystème local, aux portes du Mercantour et de le respecter au maximum. Charlotte est un maillon essentiel de la QSE, qui est l’affaire de tous », souligne Pierre Mario.
Sachant que le béton représente 2,4 % des émissions françaises de gaz à effet de serre et constitue le troisième secteur industriel le plus polluant après la chimie, les enjeux entourant le béton bas carbone sont donc cruciaux. « En région parisienne, sur tous les ouvrages de génie civil, on a dépassé les 35 % de béton bas carbone (c’est l’effet JO 2024, le cahier des charges l’exigeait pour tous les équipements). Aujourd’hui, dans les Alpes-Maritimes, les bétons traditionnels sont encore présents à 95 %. Mais avec les JO 2030, les ouvrages d’art publics, qui seront construits dans ce laps de temps, seront faits en béton bas carbone. D’autre part, la loi Climat et Résilience doit entrer en vigueur en août 2026, avec des critères environnementaux dans les cahiers des charges. On formule l’espoir que les acteurs économiques locaux prennent en considération les efforts faits par les bons élèves qui ont investi dans les outils favorisant la décarbonation (au lieu de prendre de la marge), qu’ils soient récompensés et qu’on arrête de faire en sorte que le meilleur soit toujours le moins cher, car ce choix est totalement incompatible avec une décarbonation efficace qui nécessite, comme nous le savons tous, des efforts financiers des entreprises. »
Pierre Mario et Valtinée sont bien déterminés à changer l’image d’un secteur qui a souvent mauvaise presse. En ligne de mire : France 2050 et la volonté d’atteindre la neutralité carbone.