Max Bauer : « Quel point commun entre la pivoine, le liège et la Villa Noailles » ?


Politique


4 juin 2025

En avril, la Villa Noailles à Hyères, haut lieu culturel traversé par des difficultés financières, a célébré la pivoine et le liège.

Dans ce lieu emblématique pour les passionnés d’art contemporain, les visiteurs ont pu flâner dans les jardins, qui offrent un cadre idyllique pour une journée en famille ou entre amis. Ils sont donc venus nombreux pour profiter de la Fête de la Pivoine, une célébration florale incontournable et une occasion de découvrir ou redécouvrir cette fleur magnifique et emblématique du printemps. En même temps, la Villa a rendu un hommage à ce matériau noble qu’est le liège, utilisé dans l’art et l’artisanat depuis des siècles pour ses propriétés uniques.

LA PIVOINE, FLEUR CENTENAIRE

Toutefois cette double célébration dans un lieu hautement culturel à la réputation internationale interroge Max Bauer, président de la Coordination Rurale du Var et de PACA. Quel pouvait être, le point commun entre la Villa Noailles, la pivoine et le liège ?
En fait, c’est le chiffre 100.
Le président de la CR du Var s’explique : «  Il y a 100 ans, le vicomte Charles de Noailles commandait au jeune architecte Robert Mallet - Stevens les plans d’une maison intéressante à habiter ».
En vrai expert historique, il ajoute : «  Il est vrai que la pivoine peut vivre jusqu’à plus de 100 ans ! Importée de Chine, elle a fait son apparition en Europe à la fin du 18ème siècle. En occident, elle représente la pudeur et la timidité. En Chine, elle peut signifier le symbole de richesse, de chance et de prospérité. Bref, c’est une fleur mythique ! D’ailleurs, on la retrouve dans les mythes anciens des dieux grecs car on apprend que c’est la nymphe Paeonia qui aurait donné son nom à la pivoine. Elle a eu une histoire d’amour avec Apollon. Pris en faute par Aphrodite, la nymphe a rougi de honte et de timidité avant d’être transformée en pivoine par la déesse en colère. D’où l’expression populaire rouge comme une pivoine ».
Sur un plan plus prosaïque, il y a 30 ans, la pivoine n’était pas cultivée dans le Var. Elle est revenue récemment et on compte désormais 200 hectares de production et 12 millions de tiges produites chaque année.
Concernant la production de liège, le syndicaliste agricole poursuit : «  Il y a 100 ans, on récoltait 10 000 tonnes de liège par an. La région comptait, à cette époque, 150 entreprises et plus de 2 000 salariés. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux entreprises de production dans le Var  » !
Pourtant, Max Bauer en est convaincu : « Nous avons le devoir de transmettre aux générations futures dans un mouvement, non idéologique et de respect, la mise en valeur de la culture qui est liée à notre évolution dans une perspective de progrès. Il en est de même pour notre agriculture, si on veut encore croire à un développement sur notre territoire. Ces enjeux dépassent le syndicaliste déterminé que je suis depuis 20 ans ».


La légende urbaine de la Villa Noailles

Selon François Carrassan, adjoint au maire de Hyères en charge de la culture, la version officielle sur l’histoire de la Villa Noailles, racontée telle une légende urbaine depuis bientôt 50 ans, n’est pas forcément la vérité historique si on s’en réfère à une récente note de sa part intitulée : « Vérité et lucidité pour une œuvre qui n’a jamais existé  ».

Il explique : « Je terminais mon livre (1) en résumant ainsi l’étrange trajectoire de ce lieu très éphémère : une maison privée, abandonnée à la ruine et vendue à la Ville d’Hyères toute splendeur perdue, restaurée ensuite avec le seul argent public, et à présent réutilisée par une association, sans droit ni titre, qui se complaît dans la célébration des propriétaires qui l’ont abandonnée. Un étrange usage de l’argent public, écrivais-je, au service d’un culte idolâtre  » (…).

(1) Édité par Les cahiers de l’égaré, 2ème édition 2025.


Gilles Carvoyeur