Christian Estrosi : « Nous avons donné une chance à l’océan »


Environnement


20 juin 2025

Unoc 3 : des engagements très importants pris pour la haute mer et contre l’exploitation des fonds marins.

La troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan a marqué les esprits, avec des engagements très importants pris pour la haute mer et contre l’exploitation des fonds marins.

Une mobilisation inédite

Sont venus à Nice 175 États membres des Nations Unies, 64 Chefs d’État et de gouvernement, 28 responsables d’organisations onusiennes, intergouvernementales et internationales, 115 ministres et 12 000 délégués, venus de tous les bassins maritimes et représentant plus de 90 % des zones économiques exclusives mondiales. Ce qui a fait de l’UNOC-3, organisée par la France et le Costa Rica, le « plus grand sommet jamais organisé sur la question de l’Océan en termes de représentation politique à haut niveau, de participation d’acteurs et d’engagement », selon un bilan du sommet fait par les organisateurs. Et qui a fait dire à l’Américaine Sylvia Earle, océanographe et exploratrice, « qu’après Nice, l’Océan se portera vraiment mieux  ». Il fallait au minimum cela pour répondre à ce « combat vital », comme annoncé sur le plateau de France 2 par Emmanuel Macron, mardi 10 juin : « C’est le combat de tous les combats : c’est le climat, la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé ». Pour le président de la République, la « plus grande conférence jamais organisée sur l’océan (…) est un succès ».

Des engagements concrets

Faire venir les dirigeants du monde entier était une première étape. Mais la deuxième, la plus importante, était qu’ils s’entendent et, surtout, qu’ils s’engagent. Et c’est ce qu’ils ont fait.

« Nous avons donné une chance à l’océan », a assuré le maire de Nice Christian Estrosi, qui s’est beaucoup investi pour ce sommet.

«  Ici à Nice, collectivement, nous avons fait bouger les lignes. (…) Des engagements ont été pris, les engagements de Nice, qui sont un premier pas, décisif, vers un océan en meilleure santé  ». Premier engagement de taille : l’entrée en vigueur, au plus tard en janvier 2026, de l’accord BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction ) grâce à la ratification par de nouveaux États (ou l’engagement à le faire très prochainement) de ce traité qui régule 64% de l’Océan.

« La haute mer ne sera plus le Far West », s’est félicité Emmanuel Macron.

À Nice, il a également été question de l’exploitation minière des fonds marins et 37 pays sont aujourd’hui d’accord pour imposer « une pause de précaution » à celle-ci. Ils avancent qu’il est primordial d’explorer d’abord ces fonds marins avant une éventuelle exploitation de leurs ressources. L’accord « Fish 1 » de l’OMC, qui vise à interdire les subventions à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, a désormais été ratifié par 103 États. Il ne manque que quelques signatures pour qu’il entre en vigueur (111 membres sont nécessaires). Enfin, 96 pays ont signé à Nice une déclaration visant à lutter contre la pollution plastique intitulée « Nice wake up call for an ambitious plastics treaty ».

Le « oui, mais » des ONG

Greenpeace souligne qu’il y a eu à Nice « des avancées pour l’océan mais (qu’il y a) des combats à continuer  ».

Pour la haute mer, le réseau écologiste évoque « une dynamique historique  », qualifiant le traité BBNJ de « seul outil juridique permettant de créer de vraies aires marines protégées dans les eaux internationales ». « La mobilisation autour du BBNJ montre que les États peuvent agir ensemble pour défendre un bien commun », a développé Greenpeace. «  L’UNOC a été un catalyseur. Il faut maintenant aller au bout du processus pour que le traité entre en vigueur et que des aires marines puissent être créées dans les eaux internationales ». En ce qui concerne l’exploitation minière des fonds marins, si Greenpeace souligne que « la pression de plusieurs pays et de la société civile a été importante », elle remarque que «  peu de nouveaux soutiens ont été annoncés  » à Nice. Pour le WWF France, l’UNOC-3 a été «  un sommet inédit » avec « des avancées concrètes… mais des efforts à poursuivre ». «  À la veille de l’UNOC, 8,4 % de l’Océan était protégé, ce sont plus de 10 % qui le sont désormais », relève la branche française du Fonds mondial pour la nature. Il regrette toutefois que les annonces ne se concentraient que « sur une pratique de pêche, le chalutage de fond, sans prendre en compte l’ensemble des pratiques destructives de la colonne d’eau  », comme les captures accidentelles. Au sujet de la pêche illégale et de l’accord Fish 1, WWF France exhorte les États qui ne l’ont pas encore signé à le faire «  au plus vite  », rappelant que la pêche illégale avait, par exemple, doublé en Guyane en 10 ans.


Sébastien Guiné