18 juillet 2025
La villa La Roseraie, l’une des plus emblématiques de Soulac-sur-Mer mise en vente aux enchères en septembre
Enfouie derrière les pins, désertée depuis près de vingt ans, La Roseraie a vu passer les saisons, les embruns, les bulldozers… mais jamais le renoncement.
Cette villa centenaire de Soulac-sur-Mer, bâtie en 1849 par un boulanger audacieux qui anticipait l’essor balnéaire de la côte médocaine, a traversé un siècle et demi d’histoire locale sans jamais s’effondrer. Ni quand elle devint un village de vacances familial dans les années 60, ni lorsqu’un projet de lotissement tenta, sans succès, de la faire disparaître. Sa silhouette de briques rouges, sa tourelle d’un autre temps et son nom fleuri ont résisté.
À la croisée du patrimoine architectural, de la mémoire collective et de l’évolution du littoral aquitain, La Roseraie s’apprête à vivre une nouvelle étape : elle est mise en vente aux enchères.
Une actualité rare, qui ne concerne pas seulement l’immobilier, mais un pan entier de l’histoire soulacaise.
Dans cette station balnéaire prisée, fréquentée aujourd’hui par des personnalités comme Jean Dujardin, Denis Brogniart ou Cécile de France, c’est un témoin discret du XIX ? siècle qui cherche désormais preneur, et peut-être sauveur.
L’histoire de La Roseraie débute en 1849, à une époque où Soulac n’est encore qu’un village de cabanes, dressé face à l’océan. Antoine Trouche, boulanger à Lesparre, acquiert alors un terrain sablonneux sur la future route de l’Amélie. Rien ne laisse encore deviner que ce hameau deviendra l’une des stations balnéaires les plus appréciées du littoral aquitain.
Ce modeste artisan, mû par une intuition visionnaire, fait ériger une maison de brique et de pierre mêlées – une première dans cette région où le bois prédomine encore. Il ne s’arrête pas là. Cinq ans plus tard, il acquiert une briqueterie exploitant l’argile bleue locale, contribuant ainsi à l’apparition de ce camaïeu ocre caractéristique des façades soulacaises. Par ce geste, Antoine Trouche participe indirectement à la naissance d’une signature architecturale encore perceptible aujourd’hui.
Cette initiative s’inscrit aussi dans une volonté plus large, encouragée par l’administration forestière : stabiliser les dunes du Médoc, en y implantant pins, bâtis durables et nouveaux usages. La Roseraie, dans ce contexte, n’est pas qu’une maison. Elle est une balise dans le paysage mouvant du littoral médocain.
Au fil des décennies, la demeure s’agrandit et se pare des atours caractéristiques des résidences balnéaires de la Belle Époque : briques rouges, pierres de taille, boiseries ouvragées, loggias, tourelle discrète. Elle adopte aussi un nom, "La Roseraie", dans la tradition alors répandue de baptiser les villas d’un nom floral. À Soulac, on croise alors la Villa des Glycines, des Marguerites ou des Roses : autant de refuges estivaux évoquant le raffinement bourgeois et l’art de vivre en bord de mer.
Le nom même de La Roseraie, s’il ne repose sur aucune archive attestant l’existence d’un jardin de roses, traduit néanmoins une intention : celle d’associer la maison à un imaginaire romantique, propice au repos, aux promenades ombragées et à la douceur des bains d’antan. Il s’agit moins d’un jardin réel que d’un paysage mental : celui d’une villégiature élégante et discrète.
Au fil du XXe siècle, la villa change de visage, mais jamais d’âme. Dans les années 1960, alors que la France entre dans l’ère des congés payés et du tourisme populaire, La Roseraie devient le cœur d’un village de bungalows, accueillant des vacanciers dans l’esprit des colonies familiales.
Jusqu’en 2006, elle vit au rythme des départs en vacances, des cris d’enfants, des repas collectifs, sous le label “Loisirs de France”. Des dizaines de familles y ont tissé des souvenirs durables, faisant de ce lieu un repère affectif au-delà de sa valeur patrimoniale.
Puis, vient le temps du repli. Les bungalows sont détruits dans le cadre d’un projet de lotissement finalement inabouti. La villa, elle, reste debout, abandonnée, mais encore debout. Sa silhouette, un peu fanée, n’en garde pas moins une noblesse intacte. Elle attend aujourd’hui de retrouver une vie.
Aujourd’hui, La Roseraie se prépare à renaître. Sa mise en vente aux enchères marque un tournant. C’est un moment que de nombreux habitants et passionnés attendaient depuis des années. En jeu : la transmission d’un bien exceptionnel, témoin d’un siècle et demi d’histoire locale, dans un secteur où patrimoine rime souvent avec effacement ou transformation radicale.
La vente aux enchères se déroule sur le site immo-interactif.com :
Conditions de vente
Première offre possible : 395 000 € (honoraires inclus à la charge de l’acquéreur (4.0%))
Minimum du pas des offres : 10 000 €
Réception des offres : Du 29/09/2025 14h00 au 30/09/2025 14h00
Si une offre est déposée dans les 4 minutes précédant la fin programmée des offres, celle-ci sera automatiquement décalée de 4 minutes
Derrière ses façades de briques et son atmosphère paisible, Soulac-sur-Mer abrite une fréquentation plus prestigieuse qu’il n’y paraît. Plusieurs figures connues du grand public y séjournent régulièrement, séduites par son authenticité et sa discrétion.
Jean Dujardin, Denis Brogniart, Mademoiselle Agnès, Aure Atika, Jacques Legros, Cécile de France ou encore Claire Borotra ont tous un lien personnel avec la station, que ce soit par une résidence secondaire ou des séjours réguliers.
Dans ce cadre privilégié, l’acquisition de La Roseraie prend une dimension supplémentaire : intégrer un lieu prisé par des personnalités en quête de calme, loin des regards, mais au cœur d’un territoire vivant et attaché à son histoire.