26 août 2025
À 35 ans, Marion Cros incarne une génération de pharmaciens déterminés à défendre un métier en
pleine mutation, sans jamais perdre de vue l’humain.
À la tête de la pharmacie Cros (10 avenue du 15ème Corps à Hyères), elle conjugue rigueur et engagement dans un contexte local et national de plus en plus tendu. Vice-trésorière de la CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé), impliquée dans la future maison de santé locale, Marion se bat au quotidien pour que la proximité et la qualité du service restent la norme.
Pour la jeune pharmacienne, l’officine reste un repère, un confident, un professionnel de santé en qui on a confiance. Elle insiste sur l’importance du service et du sourire : « Les consultations chez
le médecin généraliste sont plus expéditives, par manque de temps et surcharge de travail. Ici, les gens retrouvent une écoute, une continuité, un accompagnement personnalisé. On sait si le chien est malade, les enfants font telles ou telles études. Il y a une vraie complicité, surtout chez les plus âgés, qui ne changeraient de pharmacie pour rien au monde. Une personne vient parce qu’elle est malade. Elle doit repartir avec les bons médicaments, au bon endroit, au bon moment, et surtout avec le sourire. C’est ma priorité ».
Face au désert médical, Marion a investi dans une cabine de téléconsultation : « C’est essentiel pour dépanner les patients quand il n’y a pas de médecin disponible. Ce n’est pas rentable, mais c’est un vrai service rendu à la population. On perd l’essentiel de nos journées à chercher un produit. Les patients font le tour des pharmacies, c’est épuisant pour tout le monde. Certains renoncent à leur traitement, ce qui peut entraîner des conséquences graves. Dans les cas les plus graves, certains finissent à l’hôpital faute de traitement ».
L’inquiétude est à son comble depuis la décision de la Sécurité sociale de baisser les remises sur les génériques, sans concertation avec la profession : « Cela va fragiliser des milliers de pharmacies.
On craint 6 000 fermetures et des licenciements massifs. On demande à être respectés, considérés, soutenus. Nous avons été en première ligne pendant la crise sanitaire, il serait temps de reconnaître notre rôle et d’arrêter de toujours faire peser les économies sur les pharmaciens ».
D’ailleurs, la profession prépare des mouvements de grève, en journée comme la nuit, et appelle à la mobilisation des élus locaux et nationaux. Aussi, la jeune femme insiste : « Il faut soutenir les pharmacies de centre-ville, ces commerces de santé essentiels à l’équilibre social, psychologique et médical de la population. On ne demande pas à être surpayés, mais au moins respectés et considérés. Notre système de santé est envié dans le monde entier, il faut le préserver, en prendre soin et l’utiliser avec conscience. Ce n’est pas gratuit, c’est financé par la collectivité ».