Marie Azihari, tisanière dans le haut pays

Economie

6 septembre 2025

«  Cultiver, récolter et transformer les plantes est une source infinie d’apprentissage du temps du vivant, du travail avec le corps, de l’observation, de la reconnaissance, de la connaissance... Un endroit où s’émerveiller de tant de complexité tout en simplicité  ». Ainsi s’exprime Marie Azihari, une jeune femme qui s’est installée en 2019 au pied du Baou Roux, dans la plaine de Caille, sur les hauteurs du pays grassois.

Elle y cultive des plantes à parfum, des plantes aromatiques et médicinales dans cet endroit qui ne pouvait être mieux choisi : en pleine nature, baigné de soleil provençal une partie de l’année, loin de toute pollution. Elle produit avec la certification bio.

« Avant, pendant une année, j’ai travaillé aux Comores pour une ONG dans le but de mettre en place la culture de plantes aromatiques. Ce projet était financé par les industriels grassois », explique Marie. Après cette expérience, et lassée des voyages, elle est venue se ressourcer dans ces Préalpes si riches en biodiversité. « La rencontre avec le maire de Caille, Yves Funel, a fait le reste lorsqu’il m’a demandé : alors, quand viens-tu faire pousser ici ? » La petite graine avait été semée. Marie achète donc un hectare de terrain de la ferme de la Ferrière et loue une autre parcelle sur les coteaux qui dominent le village.

Grain de folie et formation

Cette installation est aussi le fruit d’un grain de folie revendiqué : « j’ai commencé ma vie professionnelle dans la finance après une école de commerce et je serais restée tradeuse en banque privée s’il ne m’avait pas semblé participer d’un système économique insensé ». Elle a ensuite travaillé comme coordinatrice de programmes internationaux après un master en développement durable, créé une ONG d’aide au développement après un master en anthropologie. « C’est en devenant consultante en filières durables de matières premières aromatiques pour l’industrie des parfums que j’ai découvert l’univers passionnant des plantes, en refaçonnant les contours de leurs échanges commerciaux pour plus d’équité sociale et environnementale ».

Son installation n’a été possible qu’après une formation pour apprendre la gestion des exploitations agricoles. Elle achève maintenant une formation de trois ans de « paysan herboriste ». Elle a fait partie des 26 producteurs maralpins d’excellence sélectionnés par la chambre d’agriculture et le Département pour représenter les Alpes-Maritimes au dernier salon à Paris.

Fait à la main

Marie n’utilise pour sa production que de petits outils : un motoculteur et un récolteur électrique. Tout le reste est fait à la main, à commencer par les semis et les plantations. Elle a aussi construit un séchoir, installé une serre. Elle va cueillir dans la nature la lavande sauvage. Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins… Pour elle, la fable est devenue réalité ! Elle vend sa production loin à la ronde grâce à son site internet.
Du basilic sacré, de la mauve, de la menthe pourpre, de la camomille, du calendula, de l’aigremoine, de l’achillée, de l’arnica, de la bourrache, des clématites… sont l’objet des soins constants de Marie. Ils poussent sur ses terres du haut plateau. Ce n’est là qu’une partie de son travail puisqu’ensuite elle va les transformer pour les commercialiser sous différentes formes : en infusettes pour tisane avec la plante entière (et bien sûr sans aucun arôme ajouté), en élixirs ou en composés floraux, en baumes... Elle a développé plusieurs « collections » qui permettent de se faire du bien au corps et à l’âme avec le mélange des médicinales, florales et aromatiques.

C’est l’âme et le soleil de la Provence que l’on retrouve lorsque l’on porte à sa bouche une infusion issue de ses collections poétiquement intitulées « Velours bleu », « Flower power », « Douce tendresse », « Plaisir bohème » ou encore « Heure dorée ». À consommer… sans modération.